Shems Maarif -- Dans un texte profondément lucide et courageux, intitulé « Construire une nation unie et équitable », Nana Mint Cheikhna propose une réflexion rare sur les fondements fragiles de l’État mauritanien. Elle y retrace, sans faux-semblants, l’histoire d’un pays qui peine à se transformer en véritable nation.

Avant la colonisation, rappelle-t-elle, la Mauritanie n’a jamais connu de structure politique unificatrice. L’indépendance de 1960 n’a pas suffi à combler ce vide : l’État postcolonial s’est installé sans réel contrat social, reproduisant souvent les hiérarchies tribales, castées et lignagères qui continuent de peser sur la citoyenneté.

L’école, les institutions et les services publics n’ont pas su imposer un idéal égalitaire, laissant prospérer des logiques d’exclusion.

Pourtant, les fondations d’une nation existent. L’islam partagé, les traditions culturelles, les langues et les mémoires collectives offrent un socle commun. Encore faut-il avoir le courage d’en faire le levier d’un projet national équitable, au lieu d’entretenir un statu quo fondé sur les privilèges historiques.

Nana Mint Cheikhna lance un appel clair : ouvrir enfin un débat national, sincère, inclusif, sur les bases de notre vivre-ensemble. Elle invite à dépasser les héritages sans les nier, à reconstruire les institutions sur des principes de justice, et à croire, de manière active, à la possibilité d’un sursaut collectif.

Ce texte mérite d’être lu, débattu, porté dans l’espace public. Car il rappelle une vérité essentielle : aucune nation ne peut se bâtir sur le déni ou la peur de ses différences. Elle se construit par un choix lucide, partagé, et courageux de faire cause commune.