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Lutte contre la triche aux examens de fin d’année scolaire : l’ultime combat en milieu scolaire
L'Authentique - La triche ! Il y en a eu encore eu cette année, malgré la volonté affichée du ministère de l’Education de la combattre. Après les fraudes constatées officiellement ces derniers jours aux épreuves du Brevet et de l’entrée en première année du secondaire, ce fut au tour du Baccalauréat entamé en début de présente semaine, de connaître des fraudes, notamment avec la fuite de sujets et surtout, le laxisme constaté au niveau des surveillances dans les salles d’examen.
Le ministère de l’Education semble combattre en terrain perdu d’avance dans sa lutte contre la fraude et la tricherie lors des examens de fin d’année scolaire !
Après avoir pris la semaine dernière de fermes mesures contre des auteurs de cas de fraude avérée dont des candidats au brevet de fin d’études scolaires, des surveillants, des directeurs de centres d’examens, tous exclus et objets de plainte auprès de la Justice, le Département n’a pas empêché la triche de se produire lors des examens du baccalauréat entamés en début de présente semaine.
Les menaces et autres alertes n’y ont finalement rien fait ! De la triche, il y en a eu à gogo : d’abord parce que l’Internet n’a pas été interrompu comme de coutume et ensuite parce que les candidats aux examens sont devenus des experts en matière de triche.
Les prémisses d’une telle déconvenue des autorités sont apparues très tôt, avec la complicité de certains surveillants laxistes voire des éléments de la sécurité, qui, dès le premier jour du bac, ont laissé passer des élèves munis de polycopies et « armés » de leur téléphone, le cas échéant, d’écouteurs souvent placés dans les cheveux.
Et ensuite par la fuite de la première épreuve du jour - l’instruction religieuse- qui s’est retrouvée aux mains des parents d’élèves peu après qu’elle ait été distribuée aux candidats en salle d’examen.
Fort de cet état de fait, le ministère a d’emblée pris des sanctions. Il s’est agi dès mardi d’exclure des examens tous ceux-là qui avaient été vus la veille avec des téléphones portables en salle d’examen. Il s’est agi de 120 candidats au Bac interdits de poursuivre la rude compétition.
Pris en flagrant délit de port de téléphone à l’intérieur des salles d’examen, ces candidats ont été « humiliés avec la décision du ministère qui, pour manifester son sérieux et la tolérance zéro quant à la triche et la fraude, a rendu public la liste des candidats concernés par la mesure disciplinaire dont la vulgarisation avait commencé avant le début des épreuves du Bac de plusieurs jours.
Les deuxième, troisième et quatrième journée devront sans doute faire des victimes parmi les tricheurs, cette pratique érigée en système en Mauritanie depuis des décennies et ayant propulsé des nuls aux sommets de l’administration civile et militaire, à la tête des ministères, des sociétés d’Etat et des grandes directions, conduisant au grand malheur du pays, les studieux à migrer à l’étranger ou à mépriser un enseignement sélectif, arbitraire et anarchique, auquel, les actuels maitres du Département s’efforcent tant bien que mal à remédier le lourd passif.
Non loin de ce sujet, des analystes pensent qu’avec cette surveillance musclée des examens nationaux (Concours d’entrée en 1ère Année du Secondaire, BEPC, BAC), le taux de réussite serait faible et les admis seraient des vrais combattants qui ont nourri la foi dans la réforme et qui méritent d’être encouragés pour avoir réussi à relever le pari.
Mais, il faut reconnaître que ce n’est pas facile, le mal est profondément ancré dans le système, depuis l’école primaire jusqu’à l’université.
Et tout le monde est complice, en particulier les enseignants qui laissent faire, voire encouragent même par leur laxisme pendant la surveillance des compositions et des examens.
Ils le font parfois pour cacher leurs insuffisances, pour faire comme les autres ou pour éviter que leur établissement ne soit indexé, soit enfin pour éviter de renvoyer les enfants dans la rue et subir l’ire de leur direction ou des parents. Les parents n’hésitent pas à pousser le bouchon jusqu’à tenter d’influer sur les correcteurs des examens voire même les secrétariats.
Pour encourager cette triche, le jour des examens, certains parents prennent d’assaut très tôt le matin, les alentours des centres d’examens pour « soutenir » leurs enfants, en apportant les gâteaux, les boissons, voire des cigarettes. Mais, en réalité, s’ils sont là, c’est surtout pour guetter des failles dans le dispositif de surveillance. Ils n’hésitent pas à interpeler les surveillants et le chef de centre, s’ils accèdent à celui-ci pour demander de la complaisance avec les candidats.
A l’intérieur du pays, si ce ne sont pas les autorités qui s’y mêlent, ce sont des parents d’élèves qui égorgent des moutons ou cabris pour les examinateurs. C’est dire que le système est bien huilé dans nos écoles et dans nos familles.
C’est dire que le défi que le ministère de l’éducation s’est engagé à relever est particulièrement délicat, le mal est très profond et il touche presque tout le monde avec comme conséquence une baisse de niveau destructrice de notre système éducatif, mais également une perte de certaines valeurs.
JOB