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Au Maroc, on préfère le concubinage au mariage
Des couples marocains zappent le passage devant l'adoul, notaire en droit musulman, pour convoler en justes noces. Et choisissent tout simplement le concubinage. Bien qu’il n’existe pas de chiffres exacts concernant cette pratique au Maroc, la formule semble attirer, rapporte le site marocain L’Economiste.
Et pourtant partager le même lit chaque soir, sans en informer un adoul, représente un acte pénalement et socialement impardonnable au Maroc. Le concubinage est bel et bien considéré comme étant «haram» (ou péché) dans ce pays musulman. Qui plus est formellement interdit par la loi, rappelle le site marocain Yabiladi.
En effet l’article 490 du code pénale stipule que:
«sont punies d'un mois à un an d'emprisonnement, toutes personnes de sexe différent qui, n'étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles».
Mais aussi par la religion: l’Islam interdit les relations sexuelles hors mariage: la fornication pour les célibataires et l’adultère pour les mariés.
Qu’est-ce qui poussent donc ces couples à braver les interdits?
«C’est l’amour d’abord qui fait que l’on ne veut pas se séparer», affirme Soumaya Naamane Guessous, sociologue, universitaire et écrivaine, dans une interview accordée à l’Economiste.
Mais pas seulement. L'argent est également une des raisons principales de ce choix de vie. Certains couples vivent en concubinage par manque de moyens suffisants pour organiser le mariage. En effet, se marier au Maroc peut coûter entre 70.000 et 100.000 dirhams. Et pour ceux qui démarrent leur carrière, ce n’est pas toujours évident, souligne Yabiladi.
«Contrairement aux a priori, le concubinage est nettement plus présent au sein des classes les plus démunies en particulier en milieu ouvrier», explique Soumaya Naamane Guessous. Ces couples ouvriers subissent de plein fouet le concubinage économique forcé. L’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) avait ouvertement appelé, le 19 juin dernier, à la suppression de l’article 490 du code pénal. En effet, le concubinage n’est pas encore rentré dans les mœurs. La majorité des Marocains condamnent cet acte, qui reste mal vu.
Ainsi, les concubins en général, «font croire qu’ils sont mariés pour éviter les problèmes avec le voisinage», explique la sociologue.
Lu sur L'Economiste et Yabiladi