De jeunes musiciens européens et mauritaniens ont prévu d'offrir un concert commun le jeudi 9 mai, désireux de promouvoir le dialogue transculturel et la coexistence pacifique. La manifestation, intitulée "Journée de l'Europe", est parrainée par la délégation de l'Union européenne, les ambassades espagnole et allemande, ainsi que par l'Institut Français de Nouakchott.

Les organisateurs de cet évènement ont organisé une démonstration technique le 2 mai qui a réuni des groupes de jeunes musiciens européens et mauritaniens. Cette fête a coïncidé avec la visite d'un groupe venu d'Europe dont les membres sont originaires d'Espagne, de France, d'Allemagne et de Lituanie.

"Cette occasion est une opportunité donnée d'échanger des expériences et de promouvoir les échanges culturels entre les jeunes talents en provenance d'Europe et leurs pairs en Mauritanie", explique Monza, artiste mauritanien de hip-hop et membre du comité organisateur de l'évènement.

"Cela représente aussi, d'un autre côté, une chance pour les jeunes Mauritaniens qui pourront montrer leurs talents musicaux, être encouragés dans leur créativité et connaître une atmosphère de liberté qui les aidera à révéler pleinement leurs talents artistiques", a déclaré Monza à Magharebia.

Monza a ajouté que "créer ce type d'évènements contribue en fait à attirer l'attention des jeunes Mauritaniens sur l'importance de l'art, en tant qu'outil d'interaction avec autrui et comme pratique alternative à ce qui peut mener à la délinquance et à la violence".

Il conclut en affirmant : "Nous, en tant qu'artistes, nous nous battons en permanence pour transmettre notre expérience aux jeunes de talent, parce que ne pas encourager les aptitudes des jeunes peut les amener à les utiliser à mauvais escient. C'est pourquoi, durant l'édition 2013 du 'Festival Assalamalekoum', nous avons cherché à travailler sur la lutte contre l'extrémisme chez les jeunes à travers le développement d'un projet musical hip-hop spécifiquement consacré à la lutte contre le radicalisme".

La délégation de l'Union européenne, qui est l'une des principales parties ayant soutenu cette fête de la jeunesse, a souligné l'importance du rôle joué par la musique dans le divertissement des jeunes Mauritaniens.

"Ce concert donne l'opportunité aux jeunes de Mauritanie d'interagir avec la culture et d'encourager la promotion de la diversité culturelle, parce que de telles initiatives sont limitées en Mauritanie et que s'il n'y a pas d'incitations faites auprès des jeunes qui ont des talents, ces mêmes aptitudes s'éteindront avant même qu'ils n'atteignent l'âge de trente ans", déclare Hans-Georg Gerstenlauer, président de la délégation européenne à Nouakchott.

Le journaliste culturel Yero Ndiaye affirme également à Magharebia que la musique a un rôle central à jouer dans l'éducation des jeunes : "Cela les empêche de succomber à des pratiques anormales et ils se trouvent soudain les détenteurs d'un message humanitaire noble. On sait qu'un artiste ne dévie pas habituellement vers la voie de la violence, parce que c'est une démarche contradictoire avec l'âme et le goût, et que l'art est incompatible avec le terrorisme et l'extrémisme."

Mansour Kébé partage ce point de vue sur l'importance de l'évènement : "J'espère que de telles expériences se répèteront encore parce qu'elles sont déterminantes pour les jeunes et les adolescents. Cela leur apprend à être actifs et positifs au sein de la communauté".

Les membres des groupes musicaux de Mauritanie et d'Europe ont exprimé leur joie d'aller à la rencontre de ce vaste public formé de jeunes venus de tout Nouakchott. Ils ont chanté en plusieurs langues l'amour, l'espoir, la paix et la coexistence, en arabe, français et anglais.

"Je suis très content de venir au concert, qui me permet de suivre des groupes européens divers directement et au même moment que je suis des artistes mauritaniens", s'exclame Weidy Ibrahim Ould Salek.

Il ajoute : "La langue dans laquelle ils chantent m'est indifférente, mais j'aime ce rythme et cette harmonie entre les Européens et les Mauritaniens, ils ne laissent pas d'espace pour parler des différences de religion, de culture ou de couleur, et c'est une coexistence que nous cherchons dans nos pays".

Par Jemal Oumar à Nouakchott