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Hommage a Mohamed El Yedaly Ould Cheikh
Un au revoir à Mohamed El Yedaly O. Ahmed Mahmoud
Plus âgé que Mohamed El Yedaly de deux ans , je l’ai rencontré sur le tard en janvier 1966. Nous étions des bénévoles,lui à Radio- Mauritanie ; moi à la direction de l’Information. Pourtant nous aurions dû s’être connus bien avant. La première raison est un héritage d’ amitiés familiales croisées.
En plus Ses frères, Mohamed et Abdallahi tous deux futurs hauts fonctionnaires et futurs ministres de la république, et cheïkh le futur médecin, alors jeune officier,ont commencé leurs carrières à Atar. Tous trois naturellement trouvaient en ma famille leur lieu d’accueil, leur foyer de remplacement. Le premie, mohamed, de surcroît, m’a enseigné quatre années durant.
Yedaly et moi , admis tous les deux à un concours d’entrée aux écoles du journalisme, nous partîmes, l’été 1966, lui au ESJ de Lille et moi au CFJ de Paris. Depuis notre amitié et notre complicité, dans le sens positif du terme , n’ont cessé de se renforcer. Pourtant les hasards des carrières nous séparèrent une première fois. Moi, comme conseiller d’ambassade au Caire, Washington et Rabat, lui comme conseiller juridique à la présidence de la République.
Un autre hasard me parachutera en 1978 en qualité de Secrétaire général de la présidence et tout objectivement de mes quatre adjoints, Mohamed el Yedaly était le plus proche et le plus sollicité par mes soins. Difficile d’oublier les moments d’exaltation, de frustrations aussi que nous avons partagés oubliant tous les deux que nous étions autre chose que des serviteurs de l’Etat préoccupés par sa seule survie et la minimalisation (atténuation) des contrecoups possibles de cette période troublée pour le pays, ses intérêts réels, en particulier l’intégrité de son territoire incontesté et la quiétude de nos concitoyens.
Mohamed el Yedaly est peu être né avec une cuillère à la bouche , mais il a eu , en prime, un cursus éducationnel et professionnel exceptionnel.
Après l’école primaire il a été au Prytanée de Saint-Louis du Sénégal ( à Dakar-Bango plus précisément) , au lycée de garçons (aujourd’hui lycée national) de Nouakchott, puis à l’ Ecole Supérieure du journalisme de Lille et, parallèlement, la préparation et la réussite d’une licence en droit.
Professionnellement, encore lycéen, il servit comme pigiste à la radio, puis comme rédacteur et présentateur du journal parlé à son retour de Lille. Plus tard après ses études juridiques il servit comme conseiller juridique et directeur de la législation à la présidence de la république. A ce titre il fut un élément actif de notre délégation d’experts à la cour internationale de justice (CIJ) à la Haye au cours de l’avis consultatif sur l’affaire du Sahara ex-espagnol.
Secrétaire général adjoint de la Présidence en 1978-1979 , il a été, juste après, désigné ministre de la Justice. En 1982 il est affecté à la SNIM en qualité de secrétaire général. IL s’installa dés lors pour une longue période à Nouadhibou où il entama une carrière de militant au sein de l’UFD- ère nouvelle puis du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD).Il a pu ainsi « …y s’initier à l’expérience des brutalités policières, aux frustrations de la gestion des poubelles municipales et de la tyrannie des militants... » m’a-t-il assuré.
Il terminera cette exceptionnelle carrière en servant, comme ministre de la défense nationale, durant le brève transition prescrite par l’accord de Dakar de sortie de la crise constitutionnelle de Juin 2009.
Mohamed el Yedaly se distinguait par des qualités et compétences humaines, morales et intellectuelles rares. Il les ignorait superbement ou, plus exactement, les dissimulait, par pudeur ; refusant, en tout cas, d’en user pour quelque avantage matériel, politique ou de réputation. IL pouvait, en une assemblée de gens qui ne le connaissaient pas ou superficiellement, passer pour une personne quelconque…Alors qu’il en avait à vendre et à stocker quant à l’esprit, à un humour alliant, paradoxalement, finesse et férocité, à une vaste et solide culture, à un raisonnement si original et si pertinent et à une plume succulente, en plus d’une générosité du cœur et de la main qui le rendaient heureux.
Je sais qu’il aimerait que sa timidité soit ménagée et je vais arrêter cette « ???? » même s’il sait que tout naturellement bien sincère, elle provient du fond du cœur et de l’impérieuse obligation de saluer un ami, un frère, un compagnon de toujours, en lui apportant ce témoignage.
Et j’adresse mes condoléances attristées à Aïchettou et ses enfants et aux frères vivants de Mohamed el Yedaly : Mohamed, Abdellahi, Cheïkh et Brahim et à leurs sœurs.
Nouakchott le 1431 de notre ère et le 12 octobre 2010 ;
Par Mohamed Said Hamody