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Les Echos de 'La Tribune' : Une approche communautaire de la diversité culturelle mauritanienne (I).
La Mauritanie est considérée comme étant un lieu de convergence de divers courants de civilisations, notamment les empires (du Mali, de Ghana, des Almoravides, etc.).
Le brassage culturel sur la religion a offert à la culture mauritanienne des millions de poètes et une source d’unité entre Maures et « Noirs africains ». Ainsi, les habitants de la Mauritanie sont des musulmans sunnites. Cela peut être une source de multiculturalisme et de métissage.
Plusieurs approches de diversité culturelle peuvent être certes abordées, mais ce qui retient l’attention demeure, semble-t-il, l’approche locale voire communautaire ou intercommunale.
Qu’est ce qu’une communauté ?
Selon le dictionnaire le Robert, il s’agit d’un Groupe social dont les membres vivent ensemble, ou ont des biens, des intérêts communs. On dit une collectivité et une Communauté de travail. On dit également appartenir à la même Communauté.
Cependant, « l'habitude et le langage scientifique courant, mais encore imprécis, veulent que l'on désigne cette forme de vie - au sens le plus large du terme - à partir du vocable famille : communauté de familles, communauté familiale. Ou, toujours en référence à la famille : famille étendue, joint family.Ou, en référence à l'une des formes de la communauté - seulement à l'une des formes -, Hauskommunion (« communion » domestique). Comme si la seule famille type était la famille conjugale, qui, unie à d'autres de même diamètre et de même nature, formerait, par extension verticale et horizontale, une communauté familiale ». (Encyclopædia Universalis 2004).
On présentera contrairement donc à la tradition, dans cette étude, la communauté au sens large du terme d’une part et de l’intercommunalité au sens spécifique à travers une transposition sur le cas mauritanien. Il s'agit ici d’orienter la réflexion sur un groupe social ou une communauté de quartier ou des collectivités territoriales partageant un intérêt commun.
C’est ainsi que la question de la valorisation de l’intérêt commun s’impose avec acuité, d’où la recherche des formes organisationnelles les plus adoptées pour une meilleure cohésion sociale dans des espaces parfois regroupant plusieurs cultures différentes ayant souvent chez nous un unique dominateur commun, c’est celui de l’Islam. Cela peut-il se concrétiser sans une société civile forte valorisant l’espace collectif ?
Diversité culturelle et Communauté
En Mauritanie les conditions naturelles notamment l’exode rural ont favorisé l'émergence de grands ensembles culturels dans les zones urbaines, cas de Nouakchott qui regroupe selon les estimations le tiers de la population. Là encore, la dichotomie centre-périphérie représente une nouvelle clé de lecture.
On peut opposer, dans cette perspective, deux dimensions de la ville la plus peuplée du pays : d'une part, Nouakchott des périphéries, et, d'autre part, Nouakchott du centre, plus moderne à travers ses édifices administratifs et ses villas qui regroupent l’ensemble des composantes culturelles qui ont un niveau de vie élevé.
Cependant, les ensembles communautaires du centre et de la périphérie ne partagent que rarement l’intérêt commun, d’où la domination des tensions intercommunautaires accentuées bien sûr par l’instrumentalisation par la culture sous toutes ses formes (langues nationales, langue d’Etat, etc.). En effet, sous la pression de la pauvreté, la conditionnalité économique relègue la culture au second plan.
A suivre
Mohamed Fouad Barrada