Cridem

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03-02-2012

18:53

Les Echos de la Tribune : des lettres et des métaphores.

La métamorphose : imaginer la transformation radicale d’un individu. Et si un ‘homomauritanicus’ devient une ‘poulemauritancus’ ou ‘poisson-mauritanicus’ voulant transmettre un message? Les lettres ci-après ne sont que des métaphores utilisées par des internautes. 

Pourquoi ont-ils choisi la métaphore de la poule et du poisson pour décrire la situation du recensement, le droit à la citoyenneté et le désaccord-accord de la pêche. Que représentent la poule, le poisson pour le subconscient mauritanien ? L’ironie, la légèreté, la spontanéité ou la sincérité ? Je vous délivre, de prime abord, une traduction des points saillants d’une lettre ouverte adressée à Monsieur le Président de la République. 

« Je suis heureuse du fait d’être la première de mon espèce qui vous adresse une lettre et je suis également la première poule de la République qui fait un sit-in au palais présidentiel en toute liberté et sans pratiquement de problèmes.

Ainsi écrivait, par ailleurs, une poule réclamant son droit à la nationalité. Excellence, « je ne confirme point ma citoyenneté, car vous savez qu’en tant que chef de famille nous n’avons guère assez de temps pour nous occuper de pièces d’état civil. Poursuit-elle, paradoxalement. 

« En effet, la communauté de poules est rigide et elle ne permet que difficilement à ses composantes de s’occuper d’autres choses hormis, bien sûr, la pondaison des œufs ainsi que la protection des poussins, en bref notre seul souci c’est notre progéniture », argue-t-elle tout en ajoutant qu’elle mérite, quand même, le droit au titre de citoyenne et que son dixième aïeul est bel et bien né dans les hangars de vente des poulaillers du cinquième arrondissement de la capitale. 

« Monsieur le président vu que je suis la première poule arabo-afro-musulmane qui marche majestueusement devant le palais ocre de Nouakchott- ville et qui interpelle, par ailleurs, son président en toute liberté , j’offre l’occasion à vos augustes organes officiels de presse pour introduire des excellents éditoriaux, reportages, émissions, etc. Je propose à titre d’illustration le titre: même les poules ! 

*En outre, la ‘correspondance’ de Mint Cheikh se présente ainsi : 

« Salut, Mon Poisson? Ou devrais-je t'appeler mon ex-poisson? Me comprends-tu? Ou parles-tu déjà Chinois? Ecoute, je sais que ma voix serait à peine audible, donc j'ai fait comme à la mode je t'ai écrit une lettre. C'est juste parce que mon salut est plus que timide… C'est le salut d'une concitoyenne désolée, en deuil et attristée. Qu'est ce que j'ai à dire? Je ne sais pas, j'ai à te présenter que des excuses peut être mais à quoi servent- ils quand le mal est déjà fait me diras tu? Poisson!

Je sais que tu croyais te trouver un refuge ici, je sais que quelque part en toi tu étais reconnaissant à ce soit disant protectionnisme mauritanien dans le passé, que tu te sentais le plus mauritanien des poissons du monde!

Oui j'en suis convaincu!
Hélas, t'es destiné à subir l'irraisonnable!
T'es destiné à faire le plus lointain des voyages…
Ne t'en fais pas, ils sont venus de si loin que pour toi!
Ils ont fait des kilomètres, ils connaissent et apprécient ta juste valeur!
Ils t'aiment plus que nous apparemment!

Tu sais ce qui m'a le plus inspirée de t'écrire cette lettre et qui m'a surtout encouragé à le faire; c'est que ton histoire me rappelle celle d'un chameau il y'a de cela une dizaine d'années.

Oui la fameuse lettre que Habib Ould Mahfoud avait écrite jadis à cet autre concitoyen de la Mauritanie, lui demandant d'être le bienvenu dans la ville, qu'il fasse l'exode, que notre avenir et espoir étaient louables.

Quelques années après, nous voici en train de te souhaiter à toi un Bon voyage!
Symbole d'une fierté tu l'étais à nous devant le monde entier!
On pouvait avec simplicité dire: “Je viens de la Mauritanie, oui la côte la plus riche au monde!”

Et pour convaincre nos interlocuteurs ébahis et surpris nous commençons avec passion à donner des explications géographiques en détaillant toute notre supposée culture halieutique etc.

Poisson!
Saches que ton exil ou, ton voyage nous sont insupportables!

Que certes t'avait rarement été invité à nos tables de tous les jours, mais que t'étais l'omniprésent dont on connaissait l'existence sans le voir. Il était une fois quelque part dans l'univers de non sens, des hommes qui gouvernent un territoire de plus d'un million de kilomètres carrés.

Il était une fois des parlementaires apatrides, des hommes d'affaires sans affaires, des pécheurs qui ne pêchent pas. Il était une fois un poisson qui s'est évadé des côtes orageuses, instables et non hospitalières pour résider sur l'extrême bout de l'océan espérant un Monde meilleur.

Il était une fois un poisson mauritanien.
Il était une fois, une fierté Nationale!
Il était une fois dans le passé, un futur sans présent
». 

Il s’agit là d’une nouvelle forme de lecture locale ou d’une modification de certaines formes, inspirées d’une situation vécue ? Il est question, tout simplement, des figures déjà existantes pour des termes de la même catégorie. 

Mohamed Fouad Barrada
  m_barrada @yahoo.fr 


 


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