28-05-2025 00:01 - Parc automobile administratif : l’autre visage de la prédation des ressources publiques

Le Rénovateur Quotidien - Depuis des décennies, les dépenses liées à l’achat et à la gestion des véhicules administratifs sont devenues l’un des angles morts de la prédation financière dans les services publics. Derrière l’apparente nécessité de doter l’administration de moyens logistiques, se cache une mécanique bien huilée de gaspillage, d’abus et de détournement de biens publics.
Des budgets colossaux pour des caprices de prestige
L’acquisition de véhicules de service, souvent de luxe, se fait sous divers régimes d’immatriculation qui échappent à toute transparence. Ministères, directions générales, agences et autres structures étatiques mobilisent des montants faramineux pour étoffer des flottes qui relèvent davantage du prestige que de la fonctionnalité.
Des berlines dernier cri aux SUV haut de gamme, les parcs automobiles ressemblent parfois à des concessions de luxe financées par les deniers publics.
Cerise sur le gâteau : ces voitures sont souvent accompagnées de dotations en carburant, de forfaits d’entretien illimités, et parfois même de chauffeurs à disposition, y compris pour des usages strictement privés. Il n’est pas rare qu’un haut cadre de l’administration dispose de deux, voire trois véhicules affectés, utilisés aussi bien par lui-même que par ses enfants, surnommés ici « fils à papa », qui les utilisent pour leurs escapades et virées personnelles, en toute impunité.
La grande braderie organisée
Plus choquant encore, la durée de vie administrative de ces véhicules est extrêmement courte. Au bout d’un an, voire moins, les commissions de vente aux enchères organisent la revente de ces voitures dans des conditions opaques. Les enchères, loin d’être publiques et transparentes, se déroulent dans un cercle restreint où les membres des commissions manipulent les procédures. À travers des prête-noms, ils s’adjugent ces véhicules à des prix dérisoires, bradant ainsi ce qui a coûté des millions au contribuable.
Un système en circuit fermé
Ce système pervers fonctionne en circuit fermé : une fois les véhicules bradés, de nouveaux marchés d’achat sont passés, relançant la spirale de dépenses injustifiées. Les mécanismes de contrôle sont inefficaces ou complices, et les rares alertes internes sont étouffées.
Rompre la chaîne de la prédation
Les nouvelles mesures interdisant l’acquisition de véhicules de luxe pour les services publics sont une avancée nécessaire. Mais elles ne sauraient être efficaces sans une réforme en profondeur du système des ventes aux enchères. Il est impératif d’interdire ces ventes déguisées, d’imposer la transparence dans la gestion du patrimoine automobile de l’État, et de sanctionner sévèrement les abus.
Le parc automobile administratif ne doit plus être un terrain de jeu pour les prédateurs. Il est temps que l’État donne l’exemple d’une gestion sobre, rigoureuse et responsable des biens publics.