06-01-2025 20:26 - L’affaire Mohamed Ould Abdel Aziz : Entre allégations de maladie et stratégies d’évasion de la responsabilité

L’affaire Mohamed Ould Abdel Aziz : Entre allégations de maladie et stratégies d’évasion de la responsabilité

LE QUOTIDIEN DE NOUAKCHOTT /////

L’affaire Mohamed Ould Abdel Aziz est l’une des plus importantes affaires judiciaires ayant capté l’attention de l’opinion publique. L’ancien président fait face à de graves accusations de corruption financière et administrative.

Malgré la gravité de ces charges, sa défense a recouru à diverses stratégies pour le tirer de l’embarras, notamment des prétextes de santé, des attaques contre le régime en place et des tentatives de transformer le procès en une arène de conflit politique imaginaire, le tout dans une tentative désespérée de perturber et désorienter le cours de la justice.

« Mais lorsque le destin frappe un homme, ni la terre ni la mer ne peuvent le protéger. »

I- Stratégies d’évasion : Immunité présidentielle et recours juridiques

A- L’immunité présidentielle comme barrière illusoire

Dans une vaine tentative d’échapper à sa responsabilité, Ould Abdel Aziz a tôt soulevé son immunité présidentielle passée, s’appuyant sur une interprétation archaïque et erronée de l’article 93 de la Constitution, supposant à tort qu’elle le protège de toute poursuite judiciaire. Cependant, les textes constitutionnels mauritaniens stipulent clairement que l’immunité prend fin avec la cessation de la fonction présidentielle.

Malgré cela, la défense a cherché à exploiter cet argument pour retarder le procès et bloquer les procédures. Le Conseil constitutionnel a cependant rendu une décision ferme affirmant que l’immunité ne protège pas l’accusé après la fin de son mandat, mettant en exergue le principe selon lequel Nul au-dessus des lois. Ces recours, sans assise juridique, ne visaient qu’à déformer le processus judiciaire et prolonger le procès ont été purement et simplement rejetés par le tribunal. En effet il ne s’agissait que de maladroites et désespérées tactiques, tendant à faire fléchir la détermination de la justice principe selon lequel nul n’est au-dessus des lois.

B- Recours répétitifs : Une tentative de ralentir la justice

La défense a souvent sans fondement et de manière arbitraire, dans l’unique but de remettre en question l’intégrité du système judiciaire et d’entraver le procès, multiplié les recours tantôt contestant la composition du tribunal, tantôt l’impartialité des juges et leur récusation.

II- Allégations de maladie : Une tactique éhontée pour prolonger le procès

A- Apparition soudaine de la maladie : Début de l’interrogatoire

Les allégations de maladie de la part d’Ould Abdel Aziz sont apparues soudainement dès le début de l’interrogatoire détaillé sur les accusations portées contre lui. Ce timing soulève des questions sérieuses sur la crédibilité de ces revendications, car aucun signe de maladie n’avait été constaté avant ce moment critique.

Le fait que cette déclaration coïncide avec l’examen approfondi des preuves et des accusations renforce les soupçons selon lesquels cet argument vise uniquement à suspendre le procès.

B- Refus d’un examen médical : Une crédibilité mise à mal

Lorsque le tribunal a ordonné un examen médical indépendant pour vérifier ses affirmations, Ould Abdel Aziz refusa de s’y soumettre, ce qui affaiblit davantage ses revendications.

Ce refus, bien qu’il soit un droit de l’accusé, indique clairement que son objectif n’était pas de prouver une maladie réelle, mais de retarder les procédures en cours.

III- Stratégies de recherche de sympathie : Faiblesse des allégations de politisation

Dans une tentative de transformer le procès en conflit politique, Ould Abdel Aziz a attaqué le régime en place, l’accusant de comploter contre lui et cherchant à se présenter comme une victime d’un ciblage politique.

Il a également mené des campagnes d’incitation contre des hommes d’affaires, les accusant de participer à une conspiration visant à nuire à sa réputation. Ces allégations, souvent basées sur de fausses informations, ont révélé la vacuité de ses tentatives de détourner l’attention du fond de l’affaire.

Au lieu de se concentrer sur une défense solide basée sur des preuves, il a choisi d’attaquer ses adversaires politiques et de transformer le procès en spectacle médiatique. Par ces manœuvres qui manquent cruellement de fondement juridique et qui n’affectent en rien le déroulement du procès, il cherchait à gagner la sympathie du public.

IV- Stratégies similaires dans le monde

Dans plusieurs pays, des procès impliquant des dirigeants ont vu des tactiques similaires d’évasion via des allégations de maladie. Par exemple, lors du procès de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak, ce dernier était transporté en ambulance et présenté dans une cage d’accusation allongé sur un lit médicalisé.

Cependant, malgré ces manœuvres, le procès s’est poursuivi avec rigueur, se concentrant sur les preuves et les témoignages, ce qui a invalidé les tentatives de Moubarak de se soustraire à la justice.

C’est dans cette perspective que s’inscrivent les tactiques d’Ould Abdel Aziz, mais toutefois, elles sont venues se heurter à la persévérance du système judiciaire mauritanien dans le présent procès, témoignant ainsi de son indépendance vis-à-vis des autres pouvoirs.

Me Abdellahi Gah





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Commentaires (6)

  • nabuchodonosor (H) 07/01/2025 05:28 X

    C'est une bonne tribune pour plaire. A qui? A celui qui tire les ficelles mais certainement pas Ghazwani. Ce procès a empoisonné le premier mandat en perturbant les priorités. Comment peut on reprocher au pire des criminels de se défendre devant un tribunal: ce sont les ABC de la justice. Les procès de ce genre durent en général de 8 à 12 ans (Sarkozy, Moubarak...) sauf pour les régimes despotiques qui ont d'autres méthodes (Ceaucescu de Roumanie ou Kaddafi...). Un juriste digne de ce nom devrait plutôt privilégier la juriprudence et laisser la justice faire son cours à charge mais surtout à décharge.

  • Hartaniya Firilile (H) 06/01/2025 23:40 X

    Vos allégations et affirmations ne devraient pas être isolées, car votre position d'homme du milieu devrait être votre attitude, même si vous n'êtes pas partisan d'Aziz ou de Ghazouani. Cet article montre clairement qu'Aziz a raison, et ils veulent le liquider aujourd'hui, alors qu'hier il leur avait tout donné.

  • Hartaniya Firilile (H) 06/01/2025 23:29 X

    Si les mêmes normes de rigueur étaient appliquées à l'ensemble des dirigeants de ce pays, il ne serait plus possible pour un président de quitter le pouvoir sans être jugé, avec tous les subterfuges judiciaires. Imaginez le départ de mandat de Ghazouani, avec les enquêtes sur les délits économiques commis par ses ministres qui se sont rempli les poches et les armoires. Imaginez Ghazouani devant la barre pour dilapidation des ressources nationales, pour ce dont on accuse Aziz de détournement de deniers publics, de blanchiment d'argent et d'abus fonciers pendant 10 ans de règne.

  • Hartaniya Firilile (H) 06/01/2025 23:28 X

    Le régime de Ghazouani a fait pire qu'Aziz dans tous les domaines financiers et administratifs, même si Ghazouani n'est pas directement lié aux fraudes et vols organisés. Il en est responsable en tant que garant de nos institutions. Ce qui est reproché à Aziz est minimisé pour Ghazouani, car ce dernier ne contrôle rien et ne sait même pas ce qui se passe. Il est totalement absent de la situation financière du pays. Les lobbies qui l'entourent commenceront à le quitter d'ici un an pour se cacher hors de Mauritanie.

  • Hartaniya Firilile (H) 06/01/2025 23:27 X

    Le jour où Ghazouani sera traduit en justice pour répondre des dérives financières et économiques du pays, sa réponse sera connue : "Je n'étais pas au courant", "On ne m'a pas informé avant", "Je ne sais pas". Voilà Ghazouani devant les juges.

  • Hartaniya Firilile (H) 06/01/2025 23:26 X

    Me Abdallahi, ce que vous écrivez ici n'est pas de votre ressort. Il est nécessaire et obligatoire pour la justice et les justiciers de vous éloigner de la classe politique et des hommes d'affaires qui ont détourné des fonds et utilisé les coulisses des banques pour ce que vous essayez de décrire comme une fausse maladie d'Aziz. Pour de nombreux Mauritaniens, comme pour les observateurs, le cas Aziz est sans précédent. Vous devrez faire preuve du même courage face à Ghazouani demain. Je ne suis ni pour Aziz ni pour Ghazouani, mais pour la justice et l'équité.