CDSMC - Monsieur le président,

A l’heure où vous œuvrez pour la construction d’un Etat mauritanien moderne et épanoui dont les fondements sont la justice et la paix sociale, le collectif des docteurs et scientifiques mauritaniens pour le développement souhaite porter à votre connaissance les graves dysfonctionnements observés pendant la phase de sélection des candidats admissibles au concours portant recrutement d’enseignants-chercheurs et d’enseignants technologues dans les établissements du supérieur.

Ces graves atteintes à la déontologie et à la transparence se résument en trois points suivants :

1) La non application de la grille de notation faisant référence, adoptée par décret en conseil des ministres en 2016, pour la sélection des candidats, à laquelle les examinateurs ont préféré une procédure autre, se basant sur une « fiche de poste », qui s’avère être un outil de discrimination favorisant implicitement des candidats cooptés par certains examinateurs des départements et institutions concernées, en ouverte opposition avec la politique de redressement du secteur, et de fait, en opposition avec toute nouvelle mesure visant à améliorer la qualité des enseignements et des curricula.

2) Le non respect des profils d’enseignement demandés par postes, notamment dans les disciplines « jugées » proches comme l’informatique et les télécommunications ou encore le profil des candidats en physiologie ou biochimie confondus sciemment avec les applications de ces sciences fondamentales en parasitologie ou santé publique.

Il en est de même pour certaines disciplines en lettres et sciences humaines. Ces confusions de profils savamment orchestrées ne visant en réalité qu’à favoriser des candidats du sérail au détriment de candidats apportant du sang neuf à l’institution, et de nouveaux savoirs, en provenance d’Amérique du nord ou d’Europe.

3) La non prise en compte de la spécificité et de la nature des heures enseignées par le candidat, comme expérience pédagogique antérieure, ainsi que la nature même du diplôme de Doctorat. Ainsi, les heures de travaux pratiques ou dirigés se retrouvent notées à la même enseigne que les heures de cours magistraux qu’ils soient de niveau licence ou Master.

Il en est de même de l’équivalence du doctorat d’université unique avec des « doctorats » de type troisième cycle en termes de notation, ou encore l’aptitude du candidat à enseigner dans la langue requise qui n’est pas considérée à ce stade.

En conséquence, de nombreux candidats se retrouvent écarté de la liste des candidats admissibles, pour les raisons susmentionnées, devenant de facto «non admissible» avant même de pouvoir concourir.

Ces candidats, dont le dossier académique devrait faire honneur à leur pays, sont privés de défendre leur candidature devant le jury du concours, alors que leur profil n’a, objectivement, rien à envier à la liste des candidats retenus pour le moins que l’on puisse dire.

Au delà de ces dysfonctionnements et réarrangements caractérisés des textes et des procédures, c’est bien l’Enseignement supérieur en Mauritanie qui est en danger. En effet, à l’heure « des économies basées sur la connaissance », la transmission du savoir et la formation des générations de demain ne peut se faire que sur les assises solides de la qualité des enseignements.

Au vu des éléments précédents, le collectif demande l’annulation de la phase d’admissibilité du concours concernant les enseignants-chercheurs et la nomination de nouveaux jury, impartiaux et rigoureux, composés pour moitié de pairs universitaires provenant de l’étranger, comme c’est le cas pour les admissions à la faculté de médecine ou l’école polytechnique, ainsi que la stricte application du décret de 2016.

Qu’Allah vous guide vers le meilleur pour la nation, et nos meilleurs voeux pour la Fête de l’Aïd El-Fitr.

Très haute considération

Nouakchott le 12 Juin 2017.

Le collectif des docteurs et scientifiques mauritaniens pour le développement