18-07-2013 01:31 - Interview avec Monza : « …quelle que soit l’appréciation que les gens feront de moi, cela n’enlèvera rien à l’artiste que je suis...

Interview avec Monza :  « …quelle que soit l’appréciation que les gens feront de moi, cela n’enlèvera rien à l’artiste que je suis...

...et ce que je vaux comme artiste, parce que j’ai amené le rap mauritanien à un niveau qu’aucun autre artiste mauritanien ne l’a fait… »

Fondateur du festival Assalamalekoum et Alekoum Salam et président du label Zaza productions, Kane Liman connu sous le nom de Monza revient sur les non-dits et les polémiques du grand événement culturel annuel à Nouakchott. Entretien.

L’Authentique : pouvez-nous faire un bilan des festivals Assalamalekoum et Alekoum Salam ?

Monza : le bilan du festival Assalamalekoum et sa réponse alekoum salam est positif. Je suis très satisfait au bout de six ans d’avoir donné une autre dimension du festival qui ne se résume plus à des concerts .Des gens sont formés, il y a eu des perspectives d’échanges avec des partenaires franciliens de la Région-Ile de France.

C’est la première fois depuis le festival des Musiques Nomades que des professionnels de la musique viennent en Mauritanie pour faire leur marché .ça signifie qu’il y a une porte qui s’ouvre pour les artistes mauritaniens de tous styles confondus. La preuve le lauréat du concours Assalamalekoum Découverte, Togna Fiya va se produire en France en septembre.

Personnellement c’est une première réussite du festival Assalamalekoum. La deuxième réussite, on a reçu beaucoup d’artistes français, sénégalais mais très peu d’artistes maghrébins .Pour la sixième édition nous avons réussi à avoir aussi sur le festival Assalamalekoum et sur Alekoum salam plusieurs artistes venant du Nord.

Beaucoup d’artistes étrangers venaient faire que des concerts mais cette année nous avons réussi à faire une collaboration entre de grosses pointures du hip hop sénégalais et mauritanien. C’est le cas avec Matador, un rappeur sénégalais, Francoman et Kaf Lagaf, un rappeur nigérien. Tels qu’aussi Xuman, Roi Hems et Waraba.

L’Authentique : festival Assalamalekoum n’est pas la même chose qu’Alekoum Salam?

Monza : la seule différence, c’est qu’il y a un projet et des partenaires. Quelque soit le projet ou bien quelque soit l’utilité du projet, il y a des partenaires qui décident de soutenir ou non. Sur Assalamalekoum, nous avions continué à travailler l’année dernière sur une ouverture du festival et nous avons su que le premier partenaire du festival est le public mauritanien qui était divisé.

Il y a les vrais puristes du hip hop qui n’avaient pas compris pourquoi il y a eu la participation des deux chanteurs du mbalakh, Adjiouza et Pape Thiopet à Assalamalekoum destiné au hip hop. Après plusieurs discussions, nous avons créé un volet qui dissocie la musique World d’Assalamalekoum pour lui laisser son emprunt hip hop.

Nous avons appelé ce volet Alekoum Salam qui a été entièrement financé par la Région-Ile de France avec sa coopération décentralisée de la ville d’où l’appellation Alekoum Salam comme festival de la ville.

C’est juste la réponse du président de la Communauté Urbaine de Nouakchott, M. Ahmed Ould Hamza au rayonnement du festival Assalamalekoum, a ce qu’il a apporté à la ville de Nouakchott. Par conséquent nous avons décidé de faire un volet Alekoum Salam pour s’ouvrir aux autres musiques et laisser l’essence du hip hop à Assalamalekoum.

L’Authentique : C’est quoi le projet Urbanomads?

Monza : en fait nous avons présenté deux projets que nous avons crée autour d’Assalamalekoum. Il s’agit de Diversit ‘Art, un projet de hip hop qui réunit de vraies sonorités africaines dans de vraies compositions hip hop de base faites par un compositeur qui a travaillé pendant plus de vingt ans à Motown, DJ Bambanaza .

Il a fait des compositions pour Jay-Z, Michael Jackson et aujourd’hui il utilise des sonorités mauritaniennes pour construire une musique hip hop sur laquelle posent trois artistes de différents pays. C’est la première fois qu’un artiste mauritanien, nigérien et sénégalais font un projet d’album ou compilation quelque soit le nom qu’on lui donne, c’est un support de collaboration des artistes qui sera diffusé gratuitement.

Et Urbanomads est dans le même concept. Déjà nous avons un jumelage entre Dakar et Nouakchott en tant que ville mais nous avons voulu aussi montré le jumelage entre Assalamalekoum festival et Festa2h.

Grâce à la collaboration de nos deux festivals, nous avons choisi de créer un projet à la base qui devait se s’appeler BEAT4PEACE qui devait parler des histoires de 89. Sensibiliser autour de la question sensible des communautés .Finalement ça a pris le concept d’Urbanomads.

L’Authentique : beaucoup d’observateurs disent qu’artistiquement Monza n’est pas fameux. Il est excellent en tant que promoteur mais coté artistique ça ne va pas. La dernière bourde que vous avez faite sur scène remonte au concert du 2 mai avec Noura ?

Monza :(Rire). Ça ne va pas pour qui c’est là la question. Ce sont juste des paroles. Nous savons que les paroles et les faits sont totalement différents. La preuve, le dernier concert forum que j’ai fait à l’Institut Français de Mauritanie avec Ziza. Ziza était juste mon Baker.Il n’était pas mentionné dans la communication. La première partie était assurée par Enfant de la rue et Beazman.

C’était mon dernier concert à Nouakchott. Quelque soit l’appréciation que les gens feront, ça n’enlève pas l’artiste que je suis et ce que je vaux comme artiste parce que j’ai amené le rap mauritanien à un niveau ou aucun artiste mauritanien l’a fait que ça soit dans des compilations internationales auprès des plus grands artistes de ce continent ou que ça soit pour moi dans ma carrière personnelle. Aujourd’hui il faut comprendre une chose. Ça fait vingt ans que je fais du rap.

J’ai eu des chansons comme tout le monde. Une de mes chansons est reprise par tout le monde. J’ai partagé sur scène la musique avec Noura comme je partage avec Sniper. J’improvise, je fais du Freestyle mais je ne souviens pas avoir fait des contretemps. Ceux qui disent ça ne va pas qu’ils restent dans cette pensée.

C’est pas grave mais personnellement je sais que je suis en train de travailler .Je sais que je ne suis pas satisfait des albums que j’ai travaillé jusqu’ à présent. Je prends le temps de faire ma cuisine. Je suis plutôt concentré sur la finalité de mon produit que sur ce que veulent les gens. Je fais ce qui me plait et en quoi je me reconnais.

L’Authentique : Monza est devenu un international par la voie du promoteur ou celle de l’artiste ?

Monza : non pas coté promoteur. Je reconnais que le fait d’avoir fait Assalamalekoum a permis une plus grande exposition dans le sens où je fais partie d’un programme qui s’appelle « Equation Musique » qui est un programme de producteur. Comme je suis dans le programme de l’Institut Français de Paris et de l’OIF en tant que producteur pour avoir fait le festival Assalamalekoum.

Ça c’est vrai. Grace à ces programmes je suis aujourd’hui dans des salons de musique par exemple à Marseille qui est la capitale de la culture européenne. A mon avis il n’y a pas d’autres mauritaniens que moi. Dans ces programmes, les gens se rendent compte que je suis artiste. Là-bas les gens n’ont pas de sentiment. Sois tu es bon ou tu l’es pas.

Dieu merci j’ai des concerts à l’horion à Casablanca, à Danemark et Paris. Moi en tant qu’artiste je fais beaucoup de travail. Je ne suis pas comme d’autres le font. Poster tout ce qu’ils font sur facebook pour frimer. Moi je veux être, je ne veux pas paraître.

L’Authentique : vous dites souvent que certains rappeurs se disent révolutionnaires sans connaitre ce que ça signifie. C’est quoi la révolution du hip hop pour vous?

Monza : le hip hop en lui-même est une révolution parque qu’il est en train de changer socialement, politiquement les pays. Nous avons vu le cas du Sénégal. Il est temps en Mauritanie que le hip hop contribue à ce changement. La vraie révolution, c’est dans la construction, la vraie révolution, ce n’est pas du vandalisme, la vraie révolution ce n’est pas de l’insolence.

Il y a beaucoup de gens qui font l’amalgame et qui croient que la révolution, c’est insulter le président de la République ou indexer les gens en passant par leurs noms en les traitant de choses infondées. Non. La vraie révolution c’est un discours de révolte qui constate, qui propose et qui agit. La révolution ce n’est pas dans les mots mais dans les actes.

On parle de hip hop mauritanien, on dit qu’on a rien fait pour les artistes, on dit, on dit …je redis une chose qui avait frustrée certains artistes en parlant des cachets. Ce n’est pas important, ce qui est important c’est réellement ce qui se fait parce que les artistes sont réellement capricieux.

Même moi j’en suis un. Les caprices j’en ai mais j’ai l’humilité de m’assoir moi-même et de m’auto-évaluer. Si je ne suis pas révolutionnaire, je ne saurai pas et je n’aurai pas l’estime de Didier Awadi qui est le plus grand révolutionnaire d’artiste du continent africain.

L’Authentique : quel est votre sentiment après avoir organiser un grand événement culturel sans la participation du ministère de la Culture?

Monza : c’est malheureux. Comme j’ai l’habitude de dire que la culture est un bien à tous et un droit universel. L’accès et la promotion de la pratique culturelle est le ressort du ministère de la Culture .Quelque soit l’action culturelle d’un tiers mauritanien, il est du devoir du ministère de l’accompagner.

Jusqu’à présent en tout ce qui est du festival Assalamalekoum, c’est le cas à l’exception de l’année 2011où le ministère a soutenu en donnant 400000 UM à la suite d’une demande pour les trophées que d’ailleurs beaucoup de gens n’ont pas encore compris le sens de cette reconnaissance. Je profite de cette occasion pour dire que dorénavant il y aura plus de prix d’Assalamalekoum. Nous avons une nouvelle ministre qui vient de prendre fonction, attendons de voir ce qu’elle fera.

L’Authentique : vous vous croyez président de tous les rappeurs mauritaniens, depuis que vous organisez ce festival selon le dire de certains. Vous faites la pluie et le beau temps dans les institutions?

Monza : les gens qui disent ça n’ont rien compris. Les institutions sont autonomes et elles sont souveraines. Je ne travaille ni pour la Communauté Urbaine de Nouakchott, ni pour l’Institut Français de Mauritanie. Je suis un artiste .Certes je suis un operateur culturel qui est crédible .Ici on ne me donne pas de reconnaissance mais à l’étranger, j’ai cet estime.

Je suis objectif. Je n’ai jamais décidé à place de qui que soit. Assalamalekoum est un festival mauritanien. Il n’appartient ni à l’IFM, ni à la CUN. Il faut être objectif, je n’ai pas un pouvoir de dissuasion ou de persuasion sur une quelconque institution.

Quoiqu’on dise que l’Institut Français de Monza, c’est vrai. C’est un endroit que je fréquente beaucoup et que c’est la première institution qui m’a prêté gracieusement un bureau. Je n’ai jamais agit pour bloquer le dossier de qui que ce soit par contre on demande mon avis sur tel artiste ou tel groupe.

Et jusqu’à présent, je ne jamais étais négatif. Si c’est une poignée de gens qui refuse de comprendre, qui ont des yeux qui refusent de voir, qui ont des oreilles qui refusent d’entendre et qui ont une bouche et qui parlent trop, ces gens je n’ai pas besoin de leur reconnaissance.

Je sais qu’il y a des gens qui croient à mon travail et qui croient à ce que je fais. Il y a des artistes qui continuent de croire qu’il y a un avenir dans la musique c’est grâce à ces gens que je continue de faire ce que j’ai à faire mais sinon j’allais jeter l’éponge depuis.

L’Authentique : pourquoi les gens vous reprochent de ne pas programmer CEE PEE cette année ?

Monza : Il faut mettre les choses dans leur contexte. Cee Pee est un bon artiste .Il mérite sa participation à ce festival. En 2010, Cee Pee et Tapha avaient leur groupe, Degloukham. Ils étaient programmés sur la scène le même soir que la Fouine pour x raison, ils ont refusé de participer d’ailleurs leurs noms étaient sur les affiches.

A mettre une communication, à mettre mon non pour amener du monde alors que dans las affiches il y avait des grosses pointures de la musique à l’instar d’Awadi. Donc je suis désolé je ne peux concevoir qu’on dise que j’ai utilisé leur nom pour amener du monde. Il faut qu’on soit dans une humilité.

Il a été déjà programmé au lieu de remplir son contrat, il a fait demi-tour. La dernière fois que je fais un atelier avec les rappeurs allemands à l’IFM, j’ai programmé Ceepee la-dans. Il ne faut pas dire dans la presse qu’il n’a jamais jouer dans l’IFM. Ce n’est pas vrai. Le 15 novembre 2012, il a joué à l’IFM.

Je l’ai programmé. Cette année , il n’a pas participer pour une simple raison qu’il na pas fait une manifestation d’intérêt comme dans d’autre institutions où ils font des demandes de participation ou de soutien. Assalamalekoum est un festival qui se distingue aujourd’hui de la sous région et qui fait parti du réseau des festivals africains de musique. Il y a un minimum d’administration.

Si l’artiste se respecte, il doit faire les procédures de participation même si dans la procédure de sélection, Ceeppe ne subira pas les sélections qu’un débutant. C’est comme ça que les gens font dans d’autres pays et c’est pourquoi ils sont en avance par rapport à nous. Ici chacun se prend pour...et refuse de faire ce qu’il doit faire.

L’Authentique : cette manifestation d’intérêt est-il valable uniquement aux artistes mauritaniens?

Monza : C’est valable pour les rappeurs mauritaniens. Ce qui m’intéresse c’est que le rap mauritanien s’exporte. Sinon le festival ne sert à rien. Tous les rappeurs mauritaniens se valent en tant que personne. Le talent étant un autre. L’Authentique : les artistes étrangers font cette manifestation d’intérêt ? Monza : il y a le booking à l’international.

Le Sniper a un tourneur, un Manager. Le groupe nous envoie à chaque fois un dossier de presse, ses produits. Il nous envoi pour dire qu’il se passe ça. Il y a des newsletters. Il nous donne des informations.

Il Y a un rappeur que je ne connais pas qui s’appelle Calibre Mystique qui doit faire un concert à Paris avec Matador, nous a envoyé son dossier pour participer à Assalamalekoum festival. Il y a mêmes des rappeurs américains qui m’envoient leurs dossiers pour participer à Assalamalekoum. Pourquoi nous ne pouvons pas le faire.

Propos recueillis par Cheikh Oumar NDiaye




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Commentaires (1)

  • habaka (H) 18/07/2013 11:41 X

    du courage jeune frere, le chemin est parseme d'embuches mais in shaallah tu arriveras