28-02-2013 02:38 - Festivals : L’art de financer l’oisiveté.

Festivals : L’art de financer l’oisiveté.

Festival d’Aleg. C’est le dernier en date de ce qui est, décidément, la mode aujourd’hui. On peut ne rien avoir contre la culture mais l’argent dépensé par le gouvernement pour l’organisation de festivals, dussent-être ceux des Villes Anciennes (ou d’autres qui ne veulent pas être en reste) aurait pu servir à une action plus concrète, en cette période de « vaches maigres », au propre comme au figuré. Chaque année, ce sont des centaines de millions qui sont dilapidés dans un domaine qui ne dépasse pas le folklore durant quelques jours.

Sans suite dans les idées et sans utilités pour un pays qui a besoin d’avancer et ne de regarder toujours dans le rétroviseur. De l’argent dépensé cette année pour une excursion qui a fini au bout de quelques jours, et qui, on peut en être sûr, ne changera pas grand-chose au train-train quotidien de la vie des populations de Tichit, comme avant eux ceux de Chinguitti et de Ouadane.

Certes, la ministre, qui bénéficie de circonstances atténuantes, n’ayant pas à gérer un département à gros budget, ni même qui soit mis en avant dans l’activité gouvernementale, a toujours mis en avant que l’objectif est de ressusciter une partie du patrimoine culturel de la Mauritanie, et d’aider, aussi, au désenclavement des anciennes cités, mais d’aucuns pensent qu’il s’agit là, tout simplement, d’une action d’éclat. Et de placement politique aussi.

La réhabilitation de 300 maisons à Ouadane, à hauteur de 15 millions d’UM, la construction d’un hôtel avec prise d’option pour une deuxième réalisation de ce genre, ou encore cette année la réhabilitation de 100 maisons à Tichit, sont des actes qui pourraient favoriser l’activité du tourisme dans la zone, mais pas en cette période où les questions de sécurité sont d’une importance extrême. Penser à l’essentiel serait le meilleur conseil que les soutiens du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz pourraient donner au gouvernement du Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf.

Question : la construction d’un réseau d’adduction d’eau et d’une centrale électrique entre-t-elle dans le programme du ministère, pour la préparation de ce festival, ou s’agit-il d’actions menées par les départements concernés dans une opération sommes toutes normale ? On peut penser à cette dernière alternative et soulever l’amalgame fait, à chaque fois, par les ministres de la République, quand ils cherchent à « gonfler » les réalisations du pouvoir, en exposant le bilan de l’ensemble de l’équipe.

Sur un autre plan, « financer » le séjour de 160 touristes étrangers, comme cela a été rapporté par certains sites, à Ouadane (et probablement aussi à Tichit) pourrait n’avoir aucun impact sur les soucis sécuritaires du pouvoir en place à Nouakchott. Le retour du conflit entre l’armée malienne et les touaregs n’est pas pour arranger les choses en Mauritanie où les attaques répétées d’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), depuis 2005, même si elles ont été stoppées par la « guerre préventive » des unités antiterroristes de l’armée, est de nature à pousser la France à ne pas lever l’interdiction qui frappe certaines zones de la Mauritanie, du Mali et du Niger.

Sans présager de la capacité des mauritaniens à valoriser, peut-être plus qu’il n’en faut, le Festival des Villes Anciennes, on est tout de même en droit de nous poser cette question : Quel apport pour l’Etat et les citoyens ? Opération de développement à l’intérieur du pays où, comme cela se chuchote dans certains milieux, exhibitionnisme pour renforcer l’idée que les ministres de la République ont de la suite dans les idées ?

Sneiba



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Commentaires (1)

  • ishaghh (H) 28/02/2013 08:07 X

    Vous avez parfaitement raison, tout ce tapage n'est que gâchis. Penser à des micro projets qui genèrent l'emploi est mieux que ces folkores budgetivores.