Un bienveillant légendaire

A l’instar de la rue Bakar, la rue Henoune commence du coté Est de l’avenue J.F. Kennedy. Mais au lieu de faire jonction avec la rue Mohamed Lemine Sakho, elle est bloquée au niveau de l’avenue de l’indépendance. Ce raccourcissement est consécutif au placement, de date relativement récente ,du parc d’attraction privé destiné aux tous petits dénommé "Daih Douh" qui veut dire balançoire , installé entre la maison des jeunes et le parc de l’OMVS.

Jadis, les habitants de l’Ilot B et l’Ilot L quand l’été s’annonce, s’empressaient à planter leurs tentes sur les anciens parcs avoisinants situés entre le CC des jeunes filles et l’avenue de l’Indépendance.

C’était la vie nomade solidement modelée par une ancestrale civilisation bédouine qui prend contact avec la vie sédentaire. Depuis quelques années ces lieux de détente ont disparu.

L’espace qui faisait face à l’Ilot B est devenu un lieu de gardiennage et de lavage des véhicules. Il est exploité par une ONG chargée des handicapés de la lèpre. Quant au second parc situé entre la rue Mohand Lehbib et l’avenue de l’Indépendance, son affectation a maintes fois évoluée :

D’abord dénommé place du 5 mars, puis maison des scouts construite en 1996 avec l’aide de l’UNICEF et la commune de NIMES (France), ensuite un lieu d’information sur l’eau et l’environnement appelé village de la biodiversité. Habituellement, des activistes du monde de la culture, du cinéma et de l’art tel l’anticonformiste Ahmed Toutou et la dynamique Mimi Mint Saleck y animent et encadrent avec talents des activités d’ordre culturelles.

Depuis que l’Ilot L est détaché de ce parc, le quartier devient morne et orphelin. L’ilot L fait désormais face à un triste mur auréolé d’une toile de graffitis et de tags peu inspirés. C’est un véritable tableau noir de sottises.

A un certain endroit, la rue Henoune est impraticable. C’est un canal d’égouts et des eaux usées provoqués par la fuite des regards du réseau d’assainissement vétuste. D’Est à l’Ouest et de long en large, la rue est entrecoupée de sable mou, de crevasses et abandonnée à toutes sortes d’immondices. Aux environs de l’intersection de l’avenue Charles –De-Gaule, c’est l’adresse établie des pharmacies vétérinaires, des boutiques de produits alimentaires et sanitaires animales.

Faut-il présenter Henoune ? Si l’on se réfère à la rime et au rythme du célèbre poète Sedoum Ould N’Jdiartou, contemporain et chantre de l’épopée des royaumes des Oulad M’barek, bien sure que non ! Henoune est une légende. Un chef incontesté, Henoune c’est : L’orgueil, la générosité, la fierté et l’équité. Henoune chantonne le troubadour : C’est Henoune. Et à Ali N’Bayt de glorifier l’illustre Henoun par ses célèbres vers :

Mon Dieu, voici Henoun

Henoune, n’est que constance
Dans l’ampleur de sa générosité
Henoune est un gentilhomme
Sa réputation est toujours égale.

Ainsi, l’aura du florilège de Henoune a traversé les frontières d’Est en Ouest et du Sud au Nord à tel point que les poèmes glorieux prononcés à son endroit ont suscité le courroux et la jalousie de certains princes de la famille émirale.

Si les annales de l’histoire de la Mauritanie ne renseignent pas sur la date de naissance de Henoune Ould Bouceif, l’érudit et historien Mokhtar Ould Hamidoune note que Henoune Ould Bouceif Ould Ahmed Ould Henoune Lebeidy a gouverné de 1791 à 1826 soit plus de 26 ans la troisième branche de la chefferie de la grande confédération de l’émirat des Oulad M’barek .Il est le sixième chef de cette branche.

Le démembrement de cette chefferie qui s étendait sur le Hodh Est de la Mauritanie est connue sous le nom de la "tente de la chefferie générale" Ehl Henoune Lebeidy. Il a succédé au suzerain de la chefferie Etmane Ould Bouceif Ould Ahmed Ould Henoune Lebeidy Ould Mohamed Znagui.

C’est au 18 ème siècle que les Mgavra Oulad M’Barek avaient supplanté les Sanhadja à l’Est de la Mauritanie et fondé un grand émirat subdivisé en plusieurs branches parentales. Chaque branche était dirigée par un "sultan".

Le royaume de la première chefferie des Oulad M’bareck connu sous Ehl Amar Ould Henoune Ould Behdel Ould Mohamed Znagui dominait une grande partie du Soudan, actuel Mali et une partie de l’Est mauritanien. Ce royaume fut visité par l’explorateur écossais Mungo Park qui a décrit dans sa relation au sortir de sa captivité à Ludmar (Ely Ould Amar) le caractère et les mÅ“urs des maures soumis à ce sultan. C’était en 1796 du temps d’Ely Ould Amar Ould Henoune, un roi au visage fier souligne-il. D’autres chefferies des O.M’Barek ont dominé le Hodh occidental et l’Assaba.

De ce grand émirat est issu le plus fameux des princes d’Ehl Henoun Lebeidy, le bienveillant Henoune Ould Bouceif illustré par une rue de Nouakchott. Il est vrai que la chefferie tribale a été supprimée depuis 1963 par voie d’extinction. Mais l’histoire faut- il la raconter ou l’escamoter ?

Ahmed Mahmoud Ould Mohamed dit Jemal
abuhamdi2@hotmail.com

Henounne Ould Bouceïf Ould Ahmed Ould Henounne Labeidy Lembarky, il a été élevé chef de Awlad M’Bareck après son frère Othmane, il avait dirigé l’Emirat de 1791 à son décès en 1826. il passe l’essentiel de son existence guerroyant dans sa région d’origine le Hodh et une partie du Mali actuel.

Source

a) Paul Marty in « L’Islam et les Tribus du Hodh »

Mohamed Said Hamody