08-01-2013 02:08 - Notre Histoire dans nos rues : Avenue Charles-De-Gaule 42-027 / 42-027 + 41-083

Notre Histoire dans nos rues : Avenue Charles-De-Gaule 42-027 / 42-027 + 41-083

Cette avenue prestigieuse commence rue Henoune Ould Bouceif. Elle se termine au niveau de la rue Abdellahi Ould Oubeid. Le parcours de l’avenue Charles –De-Gaule que l’on 'monte' ou que l’on 'descend' de Henoune ou de Oubeid est illustré par la trace indélébile de personnages qui ont marqué l’évolution politique et économique de la Mauritanie dés l’aube de l’indépendance et accompagnés la création ex-nihilo de sa capitale Nouakchott.

Aux lots 80-82 de l’ilot O, se situe la villa du premier Président de la République feu Mokhtar Ould Dadah. Un domaine bien acquis. La villa a été construite grâce à un prêt accordé par la BMD. Le président Mokhtar mettra son domicile privé dans un premier temps (1967-1973) à la disposition du Gouvernement pour servir de 'villa de passage'.

Puis est venue une période des vaches maigres (1973-1975) et le couple présidentiel loua à titre onéreux à l’Etat mauritanien sa propriété. Mais entre 1975-1978 et dans le cadre de la mise en place d’une politique d’austérité et de lutte contre l’enrichissement illicite, le BPN du Parti du Peuple Mauritanien décidait que tout responsable possédant une maison à Nouakchott devrait l’habiter et libérer illico le logement administratif qu’il occupait.

C’était un sacrifice au nom de la collectivité nationale auquel le Président Mokhtar s’est astreint. De nouveau la villa est mise à la disposition du Gouvernement, à titre gratuit, pour héberger les suites des délégations étrangères. A son départ du pouvoir le 10 juillet 1978, feu Mokhtar relata dans ses mémoires, qu’outre une somme de 339 171 ,41 UM déposée sur l’unique compte bancaire qu’il possédait, cette villa immatriculée au nom de son épouse Mariam faisait partie de son patrimoine.

En face du lot 84 de l’ilot M c’est le domicile du neveu d’El hadj Mohamedou Ahmadou Ba. E.M.A. BA est un savant qui fut instituteur et interprète réputé. Nommé en 1946 Chef de canton de Maghama –Littama, il est auteur de plusieurs ouvrages et chroniques sur les tribus maures, notamment une contribution sur l’histoire des Rgueibatt, publiée en 1933 dans B.E.H.S de l’IFAN et d’un remarquable livre sur l’émirat de l’Adrar Mauritanien (1872-1908), publié en 1932 à Oran. Il fut un grand spécialiste du Nord de la Mauritanie. Il décède le 28 février 1958 à l’âge de 67 ans.

Le neveu d’El hadj M.A.Ba est une mémoire vivante de notoriété publique et un témoin privilégié de l’histoire contemporaine de la Mauritanie, c’est le médecin, Dr Ba Bocar Alpha. Ce presque nonagénaire, encore alerte et à l’esprit vif fut Ministre de la Santé, des Finances et des Affaires Sociales dans les premiers gouvernements de la Mauritanie postcoloniale. Humaniste et philanthrope, Dr B.B.Alpha est un homme modeste au visage éclairé et à l’éternel sourire que les habitués de l’intersection rue Oubeid-avenue Charles-De-Gaule connaissent bien.

Le lot 85 ilot O est le domicile des héritiers de feu Sidi Mohamed Diagana, qui occupa plusieurs postes ministériels dont celui de la défense nationale sous le régime de Mokhtar. Le défunt S.M.Diagana est le fils de l’imam de la fameuse mosquée de Gataga à Kaédi. C’était une figure emblématique du paysage politique national. Cette maison est connue par un grand nombre de Nouakchottois pour avoir été transformée en un lieu incontournable de la plus haute production de la meilleure qualité de teinture indigo des habits traditionnels : celle de Kaédi.

Au N° 37 de l’Ilot O, actuel siège de MAURITEL-Mobiles situé sur l’intersection rue Abou Beker-avenue Charles –De- Gaule fut une propriété de feu Ebbe Ould Enne Ould Ebbe, né en 1918. Il débuta sa carrière comme instituteur. Il fut Conseiller territorial de l’AOF, député, Président de l’assemblée nationale, plusieurs fois Ministre. E. Ould Enne Ould Ebbe était un homme courageux, d’une forte personnalité. Auteur d’un répertoire poétique inestimable, E.O.N.O.Ebbe fut un grand érudit. Il décède en 2007.

Au N° 7 de l’ilot Z, c’est l’emplacement de l’Auberge Bienvenue, qui, grâce à l’empreinte de la charmante Dominique Soumaré est devenu un lieu favori des chercheurs et des passionnés du désert. C’est au aussi le domicile de l’un des premiers administrateurs civils de la Mauritanie, qui a fait ses premiers pas dans l’administration territoriale.

Ensuite, il occupa plusieurs postes diplomatiques, en qualité de Conseiller et d’Ambassadeur. C’est l’ex- sénateur des mauritaniens à l’étranger et ex maire de Wompou Gaye Silly Soumare. Feu G.S.Soumare fût un pionnier de la politique. Il intégra le bureau politique de l’A.J.M, fondée le 24 novembre 1955 à Rosso, qui donna naissance un peu plus tard au mouvement de la NAHDA.

Il eut comme compagnons de lutte des jeunes de l’époque, sensibles aux mouvements de libérations des peuples et en rupture de banc avec l’U.P.M dont : Mohamed Ould Cheikh, A.B.Miske,Y .Ould Boumedienne, Tiecouré Dembelé, S.A.Cledor, E.O.S.Meila etc. G.S.Soumaré fut un fonctionnaire modèle, compétent, digne, d’une gentillesse et d’une discrétion légendaires. C’est dans l’indifférence totale que Gaye Silly Soumaré quitta ce bas-monde le mercredi 18 juillet 2012 à l’âge de 82 ans.

Au N° 15 de l’Ilot Z surgit depuis quelques temps une série de boutiques spécialisées dans le commerce de l’électronique et de la téléphonie. C’était le domicile du regretté Mohamed Saleh Ould Abdallahi Ould Hamad. Né en 1943 à Atar, Mohamed Saleh était un riche homme d’affaires exceptionnel, adroit, toujours en règle avec l’administration fiscale et respectueux à la lettre de ses obligations contractuelles. A la silhouette, bon chic, bon genre, Mohamed Saleh était un homme, super courtois, modeste, constant et charitable.

Il occupa la présidence de la fédération du commerce du temps de l’âge d’or de la Confédération Générale du Patronat de Mauritanie sous le règne de feu Sidi Mohamed Ould Abass. Au terme de son mandat, il quitta une fédération aux comptes bien garnis. Il fut conseiller municipal du District de Nouakchott lors des premières échéances municipales de 1986. Les habitants des environs de la mosquée saoudienne ont fait l’adieu le 10 mars 2010 du regretté Mohamed Saleh, disparu à Nouakchott, des suites d’une longue maladie.

D’autres personnages ont laissé leurs empreintes sur l’avenue C.De.Gaule tels : Le Commissaire Yarba O. Ely Beiba, le Colonel des Douanes Sidi Ould Ahmed, le Trésorier Général Ahmed Ould Amar et le Ministre des Finances M. Ould Ahmed Louly, etc.

Au Sud- Ouest de l’avenue Charles-De- Gaule et à proximité du marché central se dresse l’Office National des anciens Combattants.

L’avenue Charles-De-gaule est un souvenir inoubliable de la visite que le Général effectua le 10 décembre 1960 en Mauritanie, pour la pose de la première pierre de la construction de Nouakchott. Au cours de cette visite, le Général De –Gaule prononça un discours dans lequel il mit l’accent sur la nécessité pour le nouvel Etat de se développer intérieurement et conclut ainsi : << cet effort, vous avez commencé à le faire. Pour cette épreuve, la France est avec vous, comme elle fut hier, comme elle sera demain. Dans ce monde difficile, demain comme hier nous serons ensemble, fraternel, la main dans la main. >>
Né à Lille en 1890, le Général Charles- De-Gaule, Officier Saint-Cyrien est un homme d’Etat français, nommé Le 6 juin 1940, sous-secrétaire d’Etat à la défense nationale. C.De.Gaule s’est illustré dans les combats de 1940, refusa l’armistice et se refugia à Londres. Du R. Uni il appelle les français à contribuer à la résistance contre l’occupant allemand (fameux appel du 18 juin).

Chef de la France libre pendant la seconde guerre mondiale, chef de gouvernement provisoire de 1944 à 1946, Président de la république de 1958 à 1969. Après son échec au referendum de 1969, C.De.Gaule se retire de la vie publique. Il meurt en 1970 et sa sépulture repose à Colombey Les Deux Eglises sous le tintement des cloches de l’église. Et c’est à Nouakchott, capitale de la République Islamique de Mauritanie sous l’appel du muezzin des mosquées qu’une avenue principale honore le mythique Général.

Une avenue Charles- De-Gaule en terre d’Islam n’est elle pas un bel exemple de tolérance de diversité culturelle, de paix et de fraternité et non de haine et d’égoïsme tels que prônés par les préceptes de la religion de Mohamed (PBSL) ?

Ahmed Mahmoud Oud Mohamed dit Jemal
Abuhamdi2@hotmail.com

Homme d’Etat, Général et écrivain français ville, né à Lille en 1890.
Auteur de plusieurs livres de stratégie (vers l’armée de métier, Au fil del’épée) enseignant à l’école de guerre, il est nommé général de brigade à tire exceptionnel et sous-secrétaire d’Etat à la défense nationale en juin 1940.

Il refuse l’armistice et lance à partir de Londres son fameux appel du 18 juin 1940, crée le CFLN qui se transforme GPRF, Gouvernement Provisoire de la République Française qui s’installe en France libérée en août 1944. Après la libération excédé par « le jeu des partis », il démissionne en janvier 1946 et créé un parti, le Rassemblement du Peuple Français en 1947. En 1953 il se retire de la vie politique et rédige (de 1954 à 1959) ses mémoires de guerre. Rappelé au pouvoir en mai 1958, il créé la Ve République en 1959.

Elu Président au suffrage universel en 1962, réélu en 1965, il démission le 28 avril 1969 en raison du vote négatif des français en un référendum sur son projet de réformes.

Il meurt à Colombey les Deux Eglises le 09 novembre 1970.

Principal artisan de la décolonisation de l’Afrique ex-française, le Général De Gaulle à visité la Mauritanie en 1953 (Boutilimitt) en 1957 (Atar et F’Dérick) et 1959 Nouakchott.

Mohamed Said Hamody


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Commentaires (1)

  • mohamed hanefi (H) 08/01/2013 07:56 X

    Excellence. Une très bonne rétrospective de l'histoire des familles mauritaniennes illustres. Cependant à mon avis il fallait pousser un peu plus au sud de la capitale, pour citer les braves artisans des débuts de l'indépendance. Des familles qui représentent aussi et vraiment cette première époque.

    Ceux qui n'ont pas été immortalisés par leur nom sur une rue : Ehel innedde, ehel Boheit, ehel Boussalif, ehel ntieh, ehel Gandega samba, ehel Abdou Soumaré, Ehel Kane, Ehel Tijani, Ehel Habib et bien sur Ehel Hanefi, dont le père, mon père a reçu une félicitation, pour son patriotisme, du gouvernement mauritanien en exil à Ndar, au Sénégal. Félicitation, que je continue à garder jalousement dans le coin le plus sûr de ma maison et de mon cœur.

    Ces familles du sud de la capitale ont été les artisans inconnus de la fondation de Nouakchott et feu Moctar ould Daddah s'est beaucoup appuyé sur leur effort pour franchir les premiers obstacles de cette époque. Sans tambours ni trompette, ils ont fait énergiquement leur noble et lourde tache, dans la voie ou le sort a voulu les appeler, puis sont partis sans parler.