28-12-2012 01:15 - Clin d’œil : Fêtes et cultures

Nous ne sommes pas ce que nous croyons être. Nous revendiquons trop souvent nos particularités alors que nous baignons, sans nous en apercevoir dans un monde nouveau. Nous avons depuis longtemps coupé les amarres avec certaines traditions, nous avons embrassé beaucoup d’apports qui nous ont refaçonnés, mais nous ne le savons pas. Les fêtes de fin d’année sont là pour nous rappeler ce que nous sommes devenus.
Aujourd’hui 25 Décembre, c’est Noël pour les autres. Et j’en profite pour adresser mes vœux à tous mes amis d’ailleurs. Que la paix règne en vous et autour de vous ! Mais cette fête est un peu aussi la nôtre. Parce que ce qu’une bonne partie de nos travailleurs se repose aujourd’hui.
Vieille tradition coloniale mais qui ne s’est pas éteinte : la Convention Collective mauritanienne accorde Noël comme jour férié. Dans une semaine nous fêterons aussi le jour de l’an. Et à minuit quand vous irez dans nos gazras vous verrez des bougies allumées dans des bicoques qui ne connaissent pas l’électricité. On peut être pauvre, éloigné de tout et fêter le premier Janvier.
C’est dire que les fêtes s’entremêlent, que les cultures se rencontrent, en nous. Moi qui ai l’habitude de présenter mes vœux à mes amis occidentaux quand le Fitr où l’Aid El Kebir approchent, je suis toujours étonné que nos fêtes religieuses ne soient pas prises en compte en Occident. Et pourtant chez eux aussi il y a comme une intrusion de notre culture et de nos traditions. L’Islam, en Europe et en Amérique fait partie maintenant de l’environnement.
C’est vrai, des voix s’élèvent ici et là -bas contre les apports venus d’ailleurs. Mais les cris d’orfraie n’y feront rien : l’avenir est aux rencontres. Ce n’est pas de « mondialisation » que je parle. C’est un terme créé par ceux qui croient que l’histoire est finie, que le modèle libéral a définitivement triomphé, et que la civilisation occidentale est devenue unique référence.
Non, je pense moi que nous sommes différents, que nous devons nécessairement rester différents, que l’unicité des êtres signifiera la fin du monde, et que les cultures s’éteindront le jour où elle se confondront. Mais, depuis la nuit des temps, les peuples, les cultures se découvrent et s’influencent les uns les autres, depuis la nuit des temps les gens, par-dessus les palissades, se parlent, s’imitent un peu et se comprennent.
C’est vrai qu’ils se combattent très souvent, c’est vrai que le choc des cultures a fait couler beaucoup de sang, mais les croisés sont revenus en Europe avec l’Orient dans les yeux, les musulmans d’Arabie se sont « persanisés » en Perse et « occidentalisés» en Espagne, Alaric a pillé Rome mais ses barbares se sont christianisés, et les Moghols ont fortement influencé l’Inde des brahmanes. Les guerres, les pillages, les fanatismes n’ont jamais empêché les rencontres.
Et ce ne sont pas nos extrémistes ou les leurs qui interdiront aux peuples de se parler et, peut être, de s’aimer tout de même un peu.
Beyrouk