12-12-2012 14:31 - Reconnaissance du Sahara Occidental : Parole aux mémoires de Ould Haidalla.

Les mauritaniens ne sont pas tous unanimes sur les mobiles qui avaient poussé à l’époque, la Mauritanie à reconnaître la souveraineté du Sahara occidental contre lequel, elle avait lancé, aux côtés des marocains, une guerre meurtrière de plusieurs mois, dans l’espoir de partager son territoire avec le Royaume chérifien.
La récente publication des mémoires de l’ancien chef d’Etat Mohamed Khouna Ould Haidalla « Mina El qhasri Ila Sijni » (du palais à la prison) vient d’apporter quelques précisions à cette décision de reconnaissance, qui ne serait pas celle dont les mauritaniens parlent le plus, à savoir des liens parentaux très proches entre l’ex président du CMRN et le peuple sahraoui.
Selon Ould Haidalla, Nouakchott aurait pris du temps pour prendre une décision qui contraste avec gout expansionniste traduit par son entrée conjointe avec les marocains, dans une guerre fratricide contre les sahraouis au milieu des années 70.
« C’est l’attitude du Royaume qui est derrière notre reconnaissance du Sahara occidental » dit-il, faisant allusion au refus de Rabat de renoncer à la demande mauritanienne de construire des murs sur la bande sahraouie occupée pour renforcer ses positions défensives face aux agressions régulières du Front Polisario.
A l’époque, Nouakchott a convoqué les ambassadeurs français et américain pour les informer que ce projet chérifien de clôture, bâtie sur les frontières, dans les environs de Bir Moghrein à l’extrême nord du pays, contraindrait le Polisario à se servir du territoire mauritanien dans ses attaques contre le Maroc. Selon Haidalla, le Royaume était mis devant deux choix sans troisième : abandonner la construction des murs, sinon, pour préserver son territoire des risques de complicité, Nouakchott sera obligée de reconnaître le Sahara occidental.
« Quand on demande à nos frères sahraouis de ne pas utiliser notre territoire pour commettre des actes contre le Maroc, ils n’accorderont aucune importance ou crédibilité à cette requête, du fait que notre refus de reconnaître leur souveraineté territoriale, les incite à ne pas reconnaître la notre » précise l’ex chef d’Etat, indiquant que le Maroc a refusé d'arrêter les murs, conduisant le gouvernement mauritanien à reconnaître le Sahara occidental afin d'éviter d'entrer dans une nouvelle guerre avec les Sahraouis.
Selon Ould Haidalla, l’ex chef d'état-major de l’époque Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya s’était opposé à cette décision, mais a fini par se rétracter après sa soumission pour adoption par le CMRN. « Les relations avec le Sahara occidental se sont détériorées durant cette période en raison des agissements d'al-Bachir Mustafa Sayed, lequel a été mis à l’écart par le chef du Polisario Mohamed Ould Abdel Aziz et le président algérien, apaisant depuis les liens entre les deux parties » a-t-il conclu.
Rappelons que dans livre, Ould Haidalla retrace des étapes importantes de sa vie de chef d’Etat de janvier 1980 jusqu'à décembre 1984, avant d’être renversé par son bras droit Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya, pendant son absence à un sommet franco-africain tenu à Bujumbura.
Md O Md Lemine