25-11-2012 07:04 - Paroles d’écrits : Rappeurs et slameurs autour de la ' théière '

C’est autour d’un thé que rappeurs et slameurs ont participé jeudi 15 novembre 2012 à la rencontre culturelle intitulée " Paroles d’écrits " à l’Institut Français de Mauritanie sous la férule de Manuel Bengoechea, professeur de littérature mauritanienne à l’Université de Nouakchott. Invités de la soirée : coté slameurs Mister X et Big Baba, côté rappeurs Abda MC et Roi Hems du groupe " Force Trankil " et Monza.
Sous la houlette du professeur de la littérature mauritanienne, Manuel Bengoechea, rappeurs et slameurs ont débattu jeudi dernier sous la Khaïma de l’IFM autour des mouvements d’écriture poétique urbaine (le rap et le slam) sur leur expression, leur différenciation et leur recette.
La rencontre qui est agrémentée par un thé, a vu la participation d’un public nombreux. Après un préambule qui a permis au public de profiter d’un avant goût de la soirée où poètes, slameurs et chanteurs se sont donné le relais, le fondateur du festival Assalamalekoum, Monza devait prononcer un petit discours dans lequel il a souligné en substance que le rap est une musique populaire dont le discours est basé sur la révolution. Précisant ses propos, il dira que le rap participe à la conscientisation, à la réflexion.
" Le rap permet aux artistes d’être observateurs et non des juges " remarqua l’intervenant.
Parlant du slam, Monza a estimé : " le slam est par essence, un discours d’excellence entre l’intimité, la proximité entre les gens ". Selon lui, c’est une expression qui se fait dans des salles sans micro pour signifier le partage. Et d’ajouter : "c’est un travail de recherche logique de style ".
Lui succédant, le slameur, Mister X devait faire remarquer que " tout le monde slam, le slam ça se vit, les choses évolues et les maux aussi….. Le slam c’est comme une thérapie chez moi. L’artiste est en quelque sorte un médecin ". Il ajoutera que pour lui, le slam rejoint le rap qui est né en Afrique, et qui a grandi aux Amériques. Il devait ensuite préciser : " quand on slam, on pense par contre quand on rap, on dispense ".
" Mon slam se tourne autour de la relation entre Dieu et l’homme. Je ne recherche pas les chats, les chameaux (allusion aux rappeurs révoltés : NDLR)…mais ce qui peut rapprocher Dieu de l’homme et l’homme à l’homme " livre Big Baba, le slameur qui devait poursuivre : " il y a une petite différence entre le rap et le slam que ne ressentent que les initiés".
Pour Abda MC, membre du groupe " Force Trankil ", il faut avoir un art de parler et un certain niveau d’intellectualisme, un esprit profond pour pouvoir slamer.
Faisant partie du même groupe que son prédécesseur, Roi Hems a confié : " grâce au rap, les artistes sont devenus des députés du peuple par rapport à l’Etat ". Il ajoutera que : " le rap était là bien avant la libéralisation des ondes. Par lui, les citoyens étaient informés des réalités des choses. Ce mode d’expression qui est le rap est devenu aujourd’hui une arme car il est écouté par toutes les générations confondues ". " Le rap et le slam, c’est la même chose " estima Roi Hems.
" C’est une rencontre mensuelle qui se fait tous les troisièmes jeudi du mois sur les littératures " souligna Manuel Bengoechea, professeur de littérature en marge de la rencontre qui dit toute sa joie de voir les jeunes parler et disserter. Evoquant les cultures urbaines, le professeur Bengoechea a constaté que " les gens confondent entre rap, le slam et la poésie. Chacun est en lui-même un mode d’expression particulier qui a ses règles propres". " L’échange a été riche entre différents mouvements à l’intérieur des mouvements encore plus littéraires et plus politiques " estima le professeur.
Cheikh Oumar NDiaye pour l’Authentique