MSH Ahmed est né en 1951 à Rkiz non loin du Fleuve, dans la Wilaya du Trarza. Juriste de formation, il a notamment assumé la direction de l’Agence Mauritanienne d’Information avant d’être désigné secrétaire d’Etat à l’alphabétisation, puis ministre de l’information, puis celui de la pêche et de l’économie maritime à la veille de la démocratisation.

Il dirigea en Janvier 1992 la campagne aux élections présidentielles du candidat Maaouya. En Avril il sera nommé ministre de l’hydraulique et de l’énergie et aura la charge de piloter le premier programme d’électrification et d’alimentation en eau de nombreuses villes secondaires avant de quitter le gouvernement en Novembre 1996. Il y retournera en Janvier 1998, avant son deuxième départ en Mai 1999. Et depuis l’an dernier, il assume la direction générale de l’ENER.

Il n’y a pas de doute que sa disparition, le 24 Février 2003, a été pour cet illustre défunt une extraordinaire consécration populaire, un adoubement par son peuple, et ce, au-delà des particularismes ethniques, régionaux, tribaux et partisans qui peuvent séparer les mauritaniens.

A l’aéroport ce fut un accueil poignant et digne d’une foule dense, disciplinée et visiblement foudroyée, même si elle courbait l’échine devant la volonté d’Allah le tout puissant… A la mosquée Ibn El Abass, pour la prière mortuaire, nous avons assisté à un déferlement sans précédent dans l’histoire de Nouakchott de milliers d’hommes et de femmes, jeunes et moins jeunes. Ils étaient venus témoigner à un homme d’exception des sentiments de respect, reconnaissance et gratitude, moins pour des services rendus que pour l’exemple d’humilité, de vrai courage, de droiture, d’intégrité et de piété qu’il a incarné depuis sa plus tendre adolescence.

En plus de ce capital strictement personnel, Mohamed Lemine est issu de prestigieuses familles, qui ,à partir d’origines considérées comme modestes se sont hissées aux sommets de leurs environnements sociaux grâce à leurs seuls efforts, à leur mérite…

Depuis plus d’un siècle sa famille paternelle par son père Ahmed et son grand- père Othmane Ould Diaw Diaye ont acquis une place significative, à plus d’un titre, au sein de leur communauté Idawali du Trarza et leurs voisins Smacid, tribu à laquelle appartenait sa mère. Celle-ci Ezziza Mint Bilal Diouli était la fille d’un Atarois émigré à Mederdra vers 1920 qui jouissait d’une des plus grosses fortunes de Mauritanie et d’une enviable réputation d’altruisme!

Voici sommairement rapporté et rendu, devant Dieu et devant les hommes, avec le maximum d’objectivité, dont j’ai pu être capable, abstraction faite des mille et un liens de parenté, ce témoignage et cet hommage. Puisse Allah gratifier Mohamed Lemine pour une vie, brève mais fort riche, toute marquée de dons et de probité matérielle et morale.

Inna lillahi we inna illeyhi rajioun.

Mohamed-Said Ould Hamody