28-10-2012 15:16 - « Mauritanie : chroniques d’un débat dépassé », par Abdel Kader O. Mohamed (Preface)

« Mauritanie : chroniques d’un débat dépassé », par Abdel Kader O. Mohamed (Preface)

Bien surprenantes sont ces chroniques quand on fait le parcours en flash-back d’articles parus depuis 1991 signés par le pamphlétaire talentueux qu’est Abdel Kader Ould Mohamed alias Khaled Ould sidi Mohamed, alias le Comité (pas moins) de soutien alias même un parfait anonyme…

Le titre de chacune de ces chroniques dénote chez l’auteur une grande maîtrise de la dérision, et de la parodie et révèle également l’homme de culture générale et politique ; le « rat » qui a fouiné les bibliothèques de Bagdad, Damas et du Caire, toutes celles de France et de Navarre, mais aussi celles de Chinguitti et de Oualata…

Et il étale à l’occasion, avec délection et grande vanité -bien justifiée d’ailleurs-, le savoir livresque de sa famille. Il a, en effet, de qui tenir en matière de parchemins et roseaux Abdel Kader Ould Mohamed Ould Ahmed Mahmoud Ould Abdellahi Ould Ahmedou Ould Mohamed Salem.

A travers toute l’aire d’implantation et d’expansion des maures ce nom conduit l’imaginaire vers la Mahadrah de cette illustre famille de Medlech qui s’exila, il y a longtemps de sa Guebla d’origine dispensant à plusieurs générations d’érudits en Inchiri, Adrar, au Sahara occidental et au sud marocain des lueurs qui n’y courraient pas les dunes ni n’escaladaient les montagnes.

Examinons ces rubriques qui tonnent comme des boulets de canon bien ajustés : « Bonjour la Censure », « Mourir pour l’Ouguiya », « Eloge du Silence », « les Haratines d’un Point de vue Républicain », « Taisez-vous M. Soudan », « la rébellion permanente » ; « la rage contre la démocratie » ; « la Tentation du Parti Unique »…

Nous avons donc vu défiler, au hasard des articles, des pièces de théâtre à succès, des films sacrilèges ; des ordres péremptoires de politiques doctrinaires, des pamphlets d’hommes d’Etat amers; des expressions fameuses passées à la postérité …

Abdel Kader prend toujours parti avec passion (rage même peut être) en ne réservant ni bec, ni ongles, certes ! Mai il dispense aussi des clins d’œil malicieux qui en disent long sur son refus de spolier quelque adversaire, aussi résolu soit-il, de son droit naturel au choix politique différent .

Il s’ingénie aussi à affirmer son credo démocratique, fort honorablement -soit dit en passant- : la nécessité d’élections transparentes et de la neutralité de l’administration publique, le refus de toute rétention de l’information au citoyen et du monolithisme en politique, autre maladie infantile des démocraties d’Afrique et de la nation arabe.

Il soutient son parti- dans le sens « chiaa » plutôt que dans le sens stalinien du terme- sans affirmer, ni même penser- m’a t-il dit en confidence- détenir le monopole exclusif de la vérité absolue.

Huit, sept, cinq, quatre ou trois années après leur impression ces chroniques n’ont subi aucune ride apparente. Je ne suis pas surpris outre mesure, car il s’agit du débat politique normal, celui que beaucoup de mauritaniens, malheureusement occultent ou ignorent. Tout simplement parce que, au delà de nos options partisanes différentes ou même franchement opposées, nous restons, en politique, le produit, conscient ou insidieux, de la culture dévastatrice du parti unique.

En d’autre termes nous sommes gonflés de certitudes que rien ne conforte et sommes surtout d’une intolérance qui jure avec la raison et la civilité sans parler de l’esprit du siècle finissant, encore mois du millénaire naissant..]

Abdel Kader n’est assurément pas de cette catégorie. Fort peu docile, intellectuel dans le sens positif du terme, c’est à dire objectif et courageux pour s’engager et pour garder, en même temps, un peu de pudeur, un peu de retenue.

Par dessus tout, il est heureux et louable de voir un nomade finir quelque chose et contribuer par là même à enrichir l’arène politique et la banque d’idées. Et aider le discours politique à sortir de sa mortelle présente monotonie, mère de tous les dangers surtout pour une démocratie pas tout à fait sevrée.

Nouakchott, le 10 septembre 1999.

Mohamed- Saïd Ould Hamody



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Commentaires (1)

  • conseillerbenevol (H) 28/10/2012 15:45 X

    Grand frère
    Je prie Allah, en ce jour pas comme les autres, de vous donner une longue vie en excellente santé physique et mentale pour que vous puissiez rassembler en un GRAND RECUEUIL une partie de ce que vous savez.

    Feu Ampathé Ba disait: « quand un vieillard meurt c'est une bibliothèque qui brûle ».

    De grâce, écrivez vos mémoires pour continuer de servir la Mauritanie. Laissez cette œuvre derrière vous pour que les lecteurs qui ne vous connaitront pas prient pour vous quand vous ne serez plus en mesure de le faire vous-même.

    Mohamed ould Mohamed Ahmed
    conseillerbenevol@gmail.com