Sur les murs de Nouakchott on peut lire ce slogan contestataire : « Non à l’oppression des artisans traditionnels » entendez par là les castes créatrices.En arabe cela sonne plus comme retour aux comparaisons primitives des castes.

Cette montée de la colère chez ces couches qui se considèrent comme marginalisées est l’expression d’un malaise d’une société qui a du mal à se débarrasser de ses vieux préjugés et complexes sociaux hérités d’une longue tradition féodale archaïque.

Ces castes qui disent non à « Tehmich » des couches exclues des administrations et victimes de l’inégalité des originaires sociales estiment qu’elles sont stigmatisées par une administration qui transpose dans ses mœurs les pratiques anachroniques qui n’ont plus leurs raisons d’être dans une société qui a érigé des règles de domination et d’humiliation de ceux qui n’ont pas « une bonne naissance ».

C’est là un sujet qui est à la fois grave par sa dimension anthropologique que politique dans un monde où le droit et la morale bannissent de telles formes de pratiques faisant l’apologie de la supériorité biologique. Il est inconcevable que l’esprit humain continue de s’accommoder de telles idées rétrogrades au point de fonder une théorie sur la suprématie de la naissance chose grave et honteuse.

En revendiquant leurs droits, ces couches frustrées par le regard dévalorisant et déformant porté contre elles ne font qu’extérioriser des refoulements qui ont du mal à disparaître. L’Etat doit prendre au sérieux de telles revendications qui ne doivent pas pour autant être perçues comme un fond de commerce politique mais plutôt comme une revendication d’un droit à l’égalité et à la justice.

Amadou Diaara