02-08-2012 23:56 - Contribution au rétablissement de la vérité sur le peuplement historique de la Mauritanie.

Contribution au rétablissement de la vérité sur le peuplement historique de la Mauritanie.

Il m’a été donné de constater à l’occasion des cérémonies relatives à nos villes anciennes, ou interventions à la télévision surtout à travers des émissions intitulées; « Araf watanak » (connait ton pays) d’une radio privée récemment autorisée, qu’une bonne partie de l’histoire vraie de la Mauritanie a été sinon omise du moins tronquée.

Nulle part dans ces émissions on évoque l’histoire vraie du peuplement de la Mauritanie. Aussi cette question interpelle t- elle ma conscience pour apporter ma contribution sur cette histoire. Une contribution dont l’essentiel est tirée de l’œuvre du célèbre Professeur Oumar Kane originaire du village de Daw département de Maghama. L’œuvre en question est intitulé : la première hégémonie peule du Fuuta Tooro de Koli Tenguella à Almaami Abdul.

Le terme Fuuta désigne le pays des fulbé du moins là où ils se sont imposés comme groupe dominant aux plans politique, linguistique et culturel. On distingue selon Amadou Hampathé Bà trois Fuuta (Kindindi, keyri, jula).

Le Fuuta Kiindindi comprend le Fuuta Tooro et et Fuuta du Sahel. Ce dernier a été appelé de façon restrictive et déformée Fuuta Kingi. Il serait le premier Fuuta à être organisé politiquement, de façon indépendante, son nom signifie l’ancien. Il regroupe le Hodh, l’Awker, le Termess, le Tagant, le Baxunu, le Regueyba et surtout la région de Nooro du sahel. Ce fut là, le premier établissement conséquent des fulbé.

C’est à partir de cette région sahélienne qu’a été peuplée la deuxième partie du Fuuta Kindindi plus connu sous le nom de Fuuta Tooro. Le Fuuta Keyri où Fuuta nouveau correspond en gros aux formations politiques postérieures à 1725. Il s’agit du Fuuta Jallon, du Massina, du royaume de Sokoto et des lamidats du nord Nigeria et du nord Cameroun.

Le Fuuta jula en fin désigne toute la diaspora des fulbé et des Hal pulaar consécutive à l’effondrement de l’empire Omarien et à l’implantation de la puissance coloniale. S’agissant du Fuuta Tooro, il était beaucoup plus étendu au nord du fleuve Sénégal qu’au sud.

D’une façon générale cet espace qui s’étend de la Mauritanie centrale au ferlo s’est progressivement rétréci à partir du XVII siècle sous la double influence de la dégradation du climat et de la pression arabo-berbère. L’évolution de l’environnement entre également pour beaucoup dans le processus du peuplement. Le trab El hajra qui est le cœur historique de la Mauritanie est aussi le berceau du Fuuta Tooro, c’est une région de grands équilibres entre la vie sédentaire axée sur l’agriculture et la vie nomade et semi-nomade axée sur l’élevage.

C’est du contact des défilés et des plaines que se sont édifiées les cités prospères qui, à l’époque de l’empire du Ghana ont fixé le commerce transsaharien. Les soninkés, fondateurs de l’empire du Ghana étaient des citadins venus dans cette région vers le IVème siècle.

Une tradition se fait l’écho de la présence dans le Kuwar d’une branche des omeyades par laquelle les soninkés de Biiru (walata actuel) avaient été touchés par l’Islam pour la première fois vers le VIIème siècle. Ces Sonikés coexistaient dans cette région avec les fulbé qui nomadisaient sur le baten cette zone était aussi, une zone de contact entre les pasteurs berbères venus du nord et les noirs autochtones.

Le desséchement historique et la pression berbère en avaient fait une zone de migration et de métissage, c’est ainsi que les mechdouf et les oulad Bareck sont fortement metissés avec les soniké, les fulbé et bambara. Selon le tableau historique de Cheikh Sidya « les pays de la Mauritanie du sud (alguibla) avant l’arrivée des tribus lamtuna qui vinrent l’occuper avant Abu bakr ibn umar étaient habités par des noir depuis l’Adrar jusqu’à la rive du fleuve d’eau douce appelé de nos jours abdyaak (Sénégal).

Ces noirs avaient alors bâti de grands villages dans tous les pays précités aussi bien ceux qui sont abandonnés que ceux qui sont maintenant habités. Ils avaient creusé des puits profonds dans le Sahara (comme le puits Saar situé entre Atar et F’derick) comme en témoigne et le prouve incontestablement l’existence des ruines de leurs constructions aussi bien dans la partie habitée que dans les régions désertiques et dans la brousse. Ces traces fortes anciennes de leur existence et les débris qui en subsistent sont des preuves certaines.

On trouve aussi parfois des objets enfouis en terre comme ce fut le cas du canari remplis d’or trouvé aux environs de la ville de Male (Brakna) dans les années 80 dont la presse en avait fait l’écho. D’autres traditions maures considèrent les noirs comme étant descendus du nord. Ils étaient encore installés à l’époque historique dans le Tiris, l’Inchiri, l’Adrar, le Tagant et l’Awker d’où ils ne furent chassés qu’à partir du XIe siècle.

Pour l’Awker notamment nous savons que toute la contrée jusqu’à Tichitt faisait partie d’un empire noir (Empire du Ghana) du VIIIe au XIe siècle. Les premiers envahisseurs connus furent les soninké, ceux-ci ont toujours formé le fond de la population pendant 1400 ans jusqu’au XIIIe siècle, les éléments allogènes de la race blanche ont été progressivement absorbés par la majorité de la population noire qui, dominée ou dominatrice selon les circonstances, s’est maintenue dans son intégrité.

Ces mêmes traditions indiquent que les premiers occupants de l’Adrar sont des agriculteurs gangara, les fulbé et les assouanik. A l’époque de la stabilisation territoriale, le Haayré Ngaal (assaba et sud du Tagant, était considéré comme la limite du Fuuta Toor au nord et au nord est.

(Suite dans notre prochaine édition)

Par Oïga Abdoulaye


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Commentaires (11)

  • keoule (H) 05/08/2012 21:15 X

    Soninkon tiy: Gaanen remmen ta xoorono. Née tiy: Naanni a gama saree Mauritanie. Magistral expose, fruit de recherches intenses. Aux extrémistes de tenter de démentir en apportant des contre vérités pour nier les faits. Mais comme je l'ai dans un commentaire relatif à ce même article dans facebook, ce n'est pas par méconnaissance de ces faits que les extrémistes tentent toujours de recréer une autre histoire de ce pays.

    Le problème n'est pas de savoir qu étaient les premiers habitants ou qui sont venus après. Le problème est de créer les conditions de cohabitation pour l'ensemble du peuple mauritanien. Nous avons tellement de choses qui nous unissent plus que celles qui nous séparent. L'avenir de la Mauritanie dépend de ce que nous en ferons.

  • profondeville (H) 03/08/2012 15:47 X

    il pouvait dire le peuplement du sud- Est de la mauritanie... les autres ethnies ne sont elles pas de la mauritanie ? sacrès mauritaniens !

  • kheche (H) 03/08/2012 15:45 X

    Bonsoir chers amis,
    L’histoire de la Mauritanie est complètement falsifiée par les Maures qui sont les derniers à poser les pieds ici. Les maures ont profité de notre division pour se porter au devant de la scène et réécrire l'histoire en nous enterrant vivant. Pour ceux qui ont eu à voyager, ils ne me démentiront pas, quand tu es noir et que tu te dis Mauritanien, on y croit pas. Alors, les télévisions font le reste et appliquent ce qui se cache derrière la tête.

    Pourquoi les négros sont réprimés violemment et torturés sans pitié pour de banales histoires sans se soucier des conséquences.

    Les maures n'ont pas l'esprit tranquille et s'attendent à tout moment à ce que les négros ne découvrent la réalité de la falsification de leur histoire et c'est pour cela que chacun d'eux cherche à voler, détourner, saboter et se mettre à l'abris avant que les lions ne se réveillent.

  • mohamed w.l (H) 03/08/2012 15:06 X

    vs mentez par tout le seul continant ou il n yavait pas de sivilisation et l afrique noir tu me parle de construction do fortresse tu reve mm maintenant il ne construise que des hute en paille et apre tout il y a un programme a la tele qui s apelle a3magh /les profondeurs/ qui a fait la lumiere de tout l hestoir des tout les coins du pays

  • labeid (H) 03/08/2012 09:56 X

    Vous parlez de l'histoire du peuplement de la Mauritanie et les seules dates que vous mentionnez remontent au 18ème siècle. En vérité la Mauritanie a été depuis les temps préhistoriques une terre de transit entre la méditerannée et l'Afrique Noire.

    Ali Banc d'Arguin on a retrouvé des reste de squelettes de peuples apparentés aux canariens actuels.

    Le Traza actuel est le symbole de coéxistence de peuplements berbères et négroides. Les écritures en tivinagh (alphabet berbère) retrouvé au nord de la Mauritanie en sont le témoignage.

    Par contre il serait utile d'étudier le royaume du Tekroure (ancien nom de la Mauritanie)....

  • alhambaral (H) 03/08/2012 08:43 X

    merci mon grand, nous sommes très contents et fiers de cette belle, bonne et réelle précision que vous avez faite. Si nous nous taisons, les autres (nos compatriotes) finiront par enterrer notre histoire et notre être. Qu'on le veuille ou pas, la Mauritanie est un terroir des noirs et le restera.

    Pour plus d'éclairage, je vous demande de demander un temps d'antenne à cette nouvelle chaine qui ne divulgue que du faux; sinon, et nous les noirs, pourquoi ne pas créer notre radio?

    félicitations! grand Waiga!

  • pyranha (H) 03/08/2012 08:15 X

    C'est pas de la faute de ces Radios bidons ,mais de la Hapa qui donne feu vert à des radios d'exister sur des bases racistes et d'écarter systématiquement toute compétence négro africaine. dans tous les cas ces gens ont de tout temps eu comme réligion, la falcification des chiffres, des diplômes ,de l'histoire ;de leur date de naissance et sûrement de leur véritable P--e.

    Au moment où ces gens en 1989 saccageaient tout ce qui représentait l'antiquité noire dans ce pays ,ils ignoraient sans doute que les originaux des archives se trouvaien ou à l'IFAN ou dans les anciennes colonies ... ces gens seront éternellemnt misérable ,mais ne les plaignons c'est une politique d'un Etat foncièrement raciste et partial connu de tous mais les nègres de service laisseront tjrs faire pour sécuriser leur bouchée de pain...

  • abraham (H) 03/08/2012 08:15 X

    Un bien volé le reste toujours quelque soit le temps passé. Toute l'Afrique par essence est noire à commencer par ce qui est devenue la Mauritanie. Il y'a l'histoire du vainqueur, et l'histoire vraie.

    Les maures viennent du Yemen et les berberes sont des residus de l'empire romain dont les traces sont toujours visibles au Maghreb.

  • Cheikh-TijaneBathily (H) 03/08/2012 01:55 X

    Nous savons qui nous sommes, d'où nous venons. Ce qui nous inquiète, parce qu'une cohabitation de plus incertaines, c'est que nous ne savons pas très bien où nous allons!

    Nous savons tout cela, nonobstant "les nouveaux historiens" de la place, habitués à tout falsifier sur leur passage.

    D'ailleurs, pendant qu'ils y sont, pourquoi ne réclament-ils pas aussi la paternité du grand boubou, rebaptiser (sans notre consentement)"daara"????

  • historien9 (H) 03/08/2012 00:30 X

    Merci pour ces informons. Pouvez-vous nous dire d'où viennent les Peuls avant de s'installer dans ce qui s’appelle maintenant la Mauritanie?

    Qui peuplait ce qui va s'appeler la Mauritanie avant les peuls et les arabo-berbères? Dans cette région qu s'appelle maintenant Fuuta

  • Dieynaba (F) 03/08/2012 00:09 X

    Merci M. Oiga pour le retablissement de la vérité sur l'histoire négromauritanienne.

    M. Dia qui parlait de l'esclavage avait raison quand il a parlé de 'fossoyeurs de l'histoire négromauritanienne', mais ça ne marchera pas!