A près de 150 kilomètres de Saint-Louis, se trouve Taba Treize. Petit village maure perdu en plein milieu des dunes de sable, la santé, l’éducation, l’eau et l’électricité sont des équations pour les populations de ce bled.

Niché à 15 kilomètres de la frontière mauritanienne non loin de Saint-Louis, Taba Treize est un merveilleux village maure. De loin, dans un décor de dunes de sable au beau milieu du désert, avec quelques rares arbres, les habitations, majoritairement des tentes, sont visibles. Mais c’est une route complètement délabrée qui mène à ce village peuplé de Maures.

Sa proximité avec la Mauritanie fait que l’endroit est désert. Le soleil y tape fort et l’air y est sec. A l’origine, Taba Treize était habité par une «toubab» appelée Thérèse. C’est d’ailleurs de là qu’est venu l’actuel nom du village. Taba Treize qui est à un peu plus de 150 kilomètres de Saint-Louis est aussi une localité religieuse.

C’est, en effet, le nommé Sidy Ould Aïdara, un chérif descendant du Prophète (Psl) qui est le marabout de ce village qui manque de tout. Endroit très particulier, tant par la structure des habitations que par sa position géographique, ce village est très démuni. L’eau, l’électricité et la santé sont, entre autres, les équations majeures auxquelles ce village est confronté.

Pour se soigner, par exemple, les habitants de Taba Treize sont ainsi obligés de se rendre à Saint-Louis, malgré le mauvais état de la route. La principale activité de cette contrée c’est l’élevage. Pour ce qui est de la population de ce bourg, elle est majoritairement jeune et frappée par le chômage.

L’agriculture est un secteur à problème dans la zone, à cause du manque d’eau. Sous les arbres, se tiennent des groupes de jeunes. Le «Kheulweu» (viande cuite avec de la graisse), le Zirik (lait) et le thé sont très consommés dans cette zone maure. Ce sont d’ailleurs ces aliments que les femmes offrent aux invités pour leur souhaiter la bienvenue dans ces concessions en forme de tentes.

«Notre principal problème, c’est la santé. Quand une femme doit accoucher par exemple nous avons tous les problèmes du monde pour l’évacuer. Avec la route qui est mauvaise, souvent, on ne trouve pas de voiture. On prend une charrette et il arrive même que les femmes accouchent en cours de route», confie Marième, une femme du village.

Dans le même registre, Mamadine Diop de rétorquer : «nous n’avons pas de boulot, nous passons tout notre temps à boire du thé et discuter. Si on pouvait développer des projets ici, ce serait bien».

L’éducation est aussi une équation pour ces populations. «Nous avons une école ici, mais certaines classes manquent, il faut aller à Saint-Louis et le transport pour chaque enfant c’est 7000», indique Fatima. «Le transport nous coûte cher, on paye 10 000 francs Cfa pour aller à Saint-Louis», lance, pour sa part, Babou Fall.

L’autre gros écueil que connaît ce village, c’est celui de l’assainissement et de la salubrité. Avoir une latrine dans ce village est, en effet, un luxe. Parce que justement la majeure partie des concessions, pour ne pas dire presque toutes, en sont dépourvues. La brousse est donc l’unique endroit pour se soulager à Taba Treize.

Awa Dabo