26-03-2012 14:20 - Les Echos de ‘La Tribune ‘ : « Mauritanie : espérance » ?

La Mauritanie d’aujourd’hui est en crise. Une vraie crise politique ‘‘combinée avec une autre crise sociale’’ (manifestation des jeunes, revendication des groupes démunis, etc.) relative au contexte mondial actuel accentuée en partie par une crise économique locale due à la sécheresse qui a frappé le pays en cette année.
L’Université de Nouakchott tend, si rien n’est fait, vers une année blanche. Des enseignants du secondaire sont en grève. Le chômage des jeunes représente quant à lui un sérieux handicap pour le décollage du pays. Le bilan est un peu sombre pour les uns. Et surtout pour ceux qui sont en dehors du système et ces méandres. C'est-à -dire la majorité de la population.
Cependant, une nouvelle approche évoque l’espérance en Afrique et pourquoi pas en Mauritanie.
Cette approche est abordée pour la première fois, à ma connaissance, par le sociologue Cheikh Saad Bouh Kamara dans un ouvrage intitulé : « Afrique : Espérance ».
A la question quels sont vos motifs d’espérance s’agissant de la Mauritanie, l’auteur expliquait que « certains sont communs à l’Afrique, comme la jeunesse de la population, le grand marché de consommateur, la fertilité des terres, les ressources humaines ou encore la fidélité de la diaspora.
En Mauritanie, ils ont trait à la libéralisation de l’audiovisuel, à la scolarisation des petites filles, à la signature de la convention de l’ONU contre les discriminations à l’égard des femmes ou encore aux récentes réformes constitutionnelles. Il sera désormais difficile de prendre le pouvoir autrement que par les urnes (Jeune Afrique du 18 au 24 mars 2012).
En revanche, l’instabilité politique, les guerres civiles, les coups d’Etat et les attaques d’AQMI restent ‘‘de mise’’ surtout dans la partie ouest du continent dont la Mauritanie fait partie. Le dernier exemple en est le renversement du régime démocratique au Mali alors que le président ATT malgré ses défauts relatifs à sa gestion ‘calamiteuse’ s’apprêtait à rendre le pouvoir à un successeur élu démocratiquement.
Espérant que l’espérance à laquelle fait allusion notre cher sociologue soit transposable à la situation à venir du pays et le reste de l’Afrique. Vous en doutez ? Toutefois, il ne faut jamais désespérer.
Désormais, des européens du Portugal et de l’Espagne à la recherche de l’emploi immigrent dans des pays africains. Les pays de préférence demeurent, pour le moment, l’Angola et le Zimbabwé.
Ces immigrés ont un savoir faire ‘transmissible’ qui peut être utile pour l’Afrique.
Déjà les retraités européens exerçaient et exercent toujours un mouvement d’immigration de l’Europe vers le Maghreb en s’installant de plus en plus au Maroc. C’est ainsi que, le coût de l’immobilier atteint des seuils bénéfiques pour les investisseurs dans le secteur du logement et de l’immobilier de ce pays. Je vous cite, par ailleurs, certains passages de l’ouvrage susmentionné et je vous en souhaite bonne lecture :
-Les offres concernant l’enseignement de tout petits -en Afrique- ne cessent de se multiplier. En effet, tant dans les centre des villes africaines que dans leurs périphéries, nombre des municipalités, plusieurs ordres religieux, des enseignants retraités, des hommes d’affaires promoteurs dans ce secteur ou des associations créent crèches, garderies, jardins d’enfants et écoles maternelles. L’engouement devient tellement grand qu’une certaine émulation se ressent.
- La ferme volonté politique des décideurs constitue, sans aucun doute, un des éléments catalyseurs de la promotion de la femme en Afrique (…) Les progrès fulgurants de l’éducation constituent, assurément la pierre angulaire de l’émancipation des femmes africaines. L’accès à l’école, d’un nombre de plus en plus important de jeunes filles, contribue à faire reculer les formes de stigmatisation dont sont victimes les femmes.
- En Afrique, lors de ces dernières décennies, des progrès perceptibles de la démocratisation peuvent être mentionnés, même si des obstacles majeurs demeurent. Concernant ceux-là , il convient de citer, entre autres : la substitution graduelle et généralisée de pouvoir démocratiquement mis en place au lieu de régimes militaires dictatoriaux, l’essor considérable de la presse privée, le dynamisme de la société civile, la solidarité internationale, etc.
- La toute récente création du forum Social Mondial ainsi que sa très rapide et puissante dissémination, apportent un énorme appui au forum Social Africain qui se positionne comme composante essentielle de la société civile du continent noir. Quelques éléments en attestent : les fortes mobilisations, le choix de thèmes porteurs pertinents, l’impact significatif de ces rencontres, la prise en compte par les décideurs et par des partenaires au développement des conclusions de ces assises, etc.
Mohamed Fouad Barrada