26-02-2012 16:33 - L’Afrique se fera dans le respect des droits de l’Homme.

L’Afrique se fera dans le respect des droits de l’Homme.

Militant des droits de l’homme, et consultant chevronné en matière de développement, Pr Cheikh Saad Bouh Kamara impose le respect par sa capacité d’écoute. Elevant rarement la voix, ce professeur émérite de sociologie (Docteur de l’université de Montpellier en 1976) se définit comme un homme toujours optimiste. Et patient.

Vice-président de la Fédération International des Droits de l’Homme (FIDH), de 2001 à 2004, membre de la Commission électorale nationale indépendante de Mauritanie (CENI), en 2005 et président de la même CENI d’avril à juin 2009, il partage dans ce premier livre outillé qu’il vient de publier, Afrique : Espérance (Ed L’Harmattan, 2012, 200 pages), ses expériences et espoirs.

Pour le sociologue, il ne s’agit nullement de passer sous silence les manquements d’un continent toujours en but à l’Histoire, mais hors de question également de céder à des critiques faciles et qui pensent que l’Afrique n’évolue pas.

Autant sur les questions de droits de l’homme, que sur l’essor de l’école et de l’éducation, Pr Kamara élague des pistes novatrices et redonne espoir. L’Afrique a du chemin à faire mais se doit aussi de respecter ses acquis. Il lui suffit de construire plus intelligemment, dit le chercheur qui se pique aux nouvelles technologies !

Afrique : Espérance. Est-ce un optimiste ou le refus du pessimisme ?

Pr CSB Kamara : Ni l’un, ni l’autre ! Il s’agit d’abord d’une modeste contribution au débat mondial concernant l’Afrique. Ensuite cet essai est la traduction de mon engagement en tant que militant des Droits de l’Homme, donc une opposition certaine par rapport à l’afro-pessimisme ambiant. Mais aussi cet ouvrage affiche toute une série de bonnes pratiques se déroulant sur notre continent.

Le titre cache tout de même une certaine… angoisse

Pr CSBK : Absolument pas ! L’auteur souhaite, juste, faire partager sa vision optimiste d’une Afrique qui, en dépit des nombreux défis, recèle des potentialités énormes : populations jeunes et dynamiques ; matières premières abondantes ; terres fertiles ; initiatives culturelles plurielles ; processus d’intégration régionale en cours…

Selon vous, sur quoi l’Afrique bute le plus depuis l’indépendance de ses peuples ?

Pr CSBK : Un déficit démocratique sinusoïdal avec des hauts et des bas mais surmontable!

Comment palier cet état de fait ?

Pr CSBK : Grâce à des démarches citoyennes participatives qui privilégient des approches inclusives, consensuelles et transparentes.

Votre livre ouvre sur l’éducation. Mais, alors que le secteur est décrié dans plusieurs pays, vous vous lui accordez un satisfecit ! Un parti pris ?

Pr CSBK : Tous les secteurs, selon les afro-pessimistes, sont décriés ! Je n’accorde, pour ma part, ni satisfecit ni blâme à quoi ou à qui que ce soit.

Mais j’observe des évolutions qui méritent d’être citées. On peut citer les taux bruts de scolarisation en hausse importante, surtout s’agissant de la scolarisation des jeunes filles ; les secteurs de l’enseignement privé autant pour le primaire, le secondaire que le supérieur montrent des dynamiques certaines à travers des filières techniques et professionnelles. Ainsi des progrès nets sont observés. Le tout soutenu par de fortes implications des associations des parents d’élèves. Ce qui a donné naissance à l’essor de l’économie du secteur de l’éducation…

Que préconisez-vous pour la refonte, et le redressement, de l’enseignement en Mauritanie ?

Pr CSBK : Vaste programme ! D’abord, associer le plus grand nombre d’acteurs concernés, assurer un bilan objectif, proposer des mesures adéquates, prévoir un suivi évaluation... Accorder une attention soutenue à l’éducation préscolaire, aux matières scientifiques, à l’adéquation formation/emploi, à la formation de haut niveau des formatrices/formateurs, procéder à des inspections régulières pouvant être suivies de sanctions si besoin. Et les choses doivent se faire sans complaisances.

Dans le livre, on sent une empreinte du militant des droits de l’Homme qui loue l’essor de la société civile. Y a-t-il là un lien avec les Ã©vènements ayant secoué le monde en 2011 ?

Pr CSBK : Non, aucun lien ! L’essai a été bouclé bien avant, en 2010 !

Que vous ont inspiré ces événements ?
Pr CSBK : J’ai été impressionné d’abord par les remarquables manifestations organisées par les jeunes, ensuite par l’effet des réseaux sociaux ayant joué un immense rôle sur la toile. Ainsi, dans toute chose il faudra désormais compter sur l’impact de l’Internet. Enfin, et c’est toujours le militant qui parle, la détermination des mouvements de la Société Civile.

Quel jugement portez-vous sur les mandats présidentiels en Afrique ?

Pr CSBK : Je suis un fervent partisan de la limitation des mandats présidentiels. L’alternance constitue un gage de démocratie !

Vous soulignez par ailleurs le lien entre l’Afrique et sa diaspora. Mais hormis l’apport économique, de celle-ci, peu de régimes s’ouvrent à ses voix au moment des consultations électorales !

Pr CSB : Ceci n’empêche pas cela ! Il existe plusieurs vagues diasporiques aux fonctions multiples. Les diasporas accordent des soutiens importants à leurs familles restées au pays, mais aussi à travers de nombreux investissements dans les petites et moyennes entreprises en Afrique et ou dans les Etats où ils vivent. Et même cette imprégnation, non négligeable, dans des pays à régimes démocratiques où ils jouent les représentants et porte-voix du continent noir de par le monde. On doit donc mieux considérer la diaspora du continent.

L’optimisme reste donc de mise !

Pr CSBK : Je suis quelqu’un qui a toujours été optimiste. Et mon ardent souhait consiste à susciter ainsi des lectures critiques. J’offre à travers cet essai un contenu qui encourage les Africains à s’exprimer librement dans la diversité des opinions. Et dans le respect de l’Autre, car rien ne peut se faire sans le respect mutuel. Même un adversaire a besoin de respect ! C’est le minimum qu’on puisse demander, et accorder, à l’humain !

Propos recueillis par Bios Diallo

Source : Bios Diallo
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